Liberté syndicale ou diffamation ? La N.1 de la CGT Gironde en correctionnelle

​Liberté d'expression syndicale ou diffamation portant atteinte à l'entreprise ? La numéro 1 de la CGT en Gironde a comparu jeudi au tribunal correctionnel de Bordeaux, pour des lettres alertant les autorités sur les conditions de travail et l'avenir d'un site de l'équipementier automobile Le Bélier.

​Liberté d'expression syndicale ou diffamation portant atteinte à l'entreprise ? La numéro 1 de la CGT en Gironde a comparu jeudi au tribunal correctionnel de Bordeaux, pour des lettres alertant les autorités sur les conditions de travail et l'avenir d'un site de l'équipementier automobile Le Bélier.

La secrétaire générale, Corinne Versigny, était assignée en référé à la suite d'une plainte pour diffamation des Fonderies et Ateliers du Bélier (FAB) à Vérac. Dans des lettres fin 2014 au préfet de Gironde, au département, à la Région, ainsi que dans des déclarations à la presse, elle demandait une table ronde pour débattre de FAB, décrivait les conditions de travail "moyenâgeuses", et s'inquiétait pour la pérennité du site, accusant la direction de vouloir "fermer l'entreprise" et de privilégier l'investissement à l'étranger.

La liberté d'expression syndicale "n'est pas le droit de mentir, de tenir des propos contredits par des éléments objectifs", a plaidé Me Stéphanie Bertrand, avocate de FAB, estimant que la syndicaliste avait "en mains des pièces qui démontraient le contraire", tant que sur l'investissement sur le site que sur les conditions de travail.

Mme Versigny s'est "trompée de combat et d'adversaire", face à une entreprise qui "n'est pas un employeur voyou, mais attaché au maintien de l'emploi", un emploi (178 salariés à Vérac) sur lequel "aucune menace ne pèse à l'heure où je plaide", a-t-elle ajouté.

Au titre du préjudice subi, risque commercial notamment lié à l'image ternie, elle a réclamé 5.000 euros de dommages et intérêts.

Mme Versigny "a été +light+, tiède, elle n'a pas exagéré le trait, bien au contraire", sur la situation à FAB, a contré Me Magali Bisiau, avocate de la responsable de la CGT. Elle a relevé dans des rapports d'expertises "des risques psycho-sociaux et des risques chimiques" à FAB, et rappelé qu'une menace de Plan de sauvegarde de l'emploi a bel et bien été évoquée.

"La syndicaliste joue son rôle et ça gêne", a-t-elle conclu, exhortant le tribunal à relaxer sa cliente, "ne pas se laisser instrumentaliser pour faire peur aux salariés", "museler les syndicats". Elle a demandé la condamnation du Bélier à 2.500 euros pour procédure abusive.

Le jugement a été mis en délibéré au 7 mai.

Avant l'audience, une cinquantaine de personnes s'étaient rassemblées devant le tribunal, CGTistes et représentants de FO, Sud, FSU, pour dénoncer "de plus en plus d'attaques" en justice visant des syndicats qui "font leur travail de syndicat".

pbl/ban/pb

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