L'Etat veut "peser sur les décisions stratégiques" de Renault

L'Etat actionnaire veut "peser sur les décisions stratégiques" de Renault, a affirmé mercredi le ministre de l'Economie Emmanuel Macron, dans un contexte de tensions avec Nissan, partenaire japonais du constructeur automobile.

"L'objectif de l'Etat en tant qu'actionnaire de long terme, c'est de pouvoir peser sur les décisions stratégiques de l'entreprise", a précisé M. Macron, interrogé sur ce dossier lors de la séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale.

Le gouvernement français est monté au capital de l'ancienne Régie nationale au printemps dernier. De 15%, la part de l'Etat est montée à 19,7%. Il a ainsi réussi à imposer, lors de l'assemblée générale des actionnaires le 30 avril, l'application de la loi "Florange" qui récompense les détenteurs d'actions de long terme par l'octroi de droits de vote double.

Le coup de force du gouvernement, qui va pouvoir exercer de tels droits dès la prochaine AG en 2016, a provoqué l'"inquiétude" de Nissan, dirigé, comme Renault, par Carlos Ghosn. Les deux entreprises sont liées depuis 1999.

Renault détient 43,4% de Nissan et une filiale de ce dernier contrôle 15% du groupe français.

Cependant, au titre de règles sur "l'autocontrôle", les actions détenues par Nissan ne lui confèrent pas de droits de vote à l'assemblée générale de Renault, une situation que le constructeur japonais supporte de plus en plus mal.

"Cette montée au capital que nous avons voulue, ces droits de vote double que l'Etat a acquis, ils ne remettent en rien en cause l'alliance entre Renault et Nissan, pour une raison simple: lorsque l'Etat français était au capital de Renault en 2002 quand l'accord a été signé, nous avions plus de 40% du capital. Et donc penser que cette opération a remis en cause les équilibres de l'alliance, est une vue de l'esprit", a lancé M. Macron, en prévenant qu'"en aucun cas, nous n'accepterons que ces équilibres soient revisités".

"L'Etat a désormais acquis la possibilité en assemblée générale extraordinaire de défendre ses droits et d'avoir une minorité de blocage. C'est forts de ces droits que nous veillerons à la suite de la vie de l'entreprise", a souligné le ministre.

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