Les VTC new yorkais souffrent de la hausse de l'essence

Au volant de son véhicule de marque japonaise, Fahd G., chauffeur Uber new-yorkais depuis trois ans, peste contre l'augmentation des prix à la pompe qui a selon lui nettement augmenté ses coûts professionnels. Un surcoût qu'il ne peut pas répercuter sur ses clients.

"Entre le début du mois et aujourd'hui, mon plein d'essence est passé de 39 dollars à 50 dollars", lance le chauffeur marocain, tout en faufilant son véhicule dans les artères bondées de Manhattan.

Conséquence directe de la hausse des cours du pétrole, l'envolée des prix de l'essence aux Etats-Unis affecte les chauffeurs des principaux services de VTC à New York, ceux-ci voyant gonfler l'un de leurs principaux postes de dépenses.

Le prix du gallon d'essence (environ 3,8 litres) a culminé cette semaine à 3,10 dollars dans l'Etat de New York contre 2,97 dollars sur l'ensemble du territoire américain. En début de mois, ceux-ci valaient encore respectivement 2,94 et 2,81 dollars, selon les données de la société publique AAA Gas Prices.

La hausse a été progressive durant des deux dernières années. En août 2016 le prix moyen national du gallon s'établissait encore à 2,16 dollars, soit 37% moins cher que cette semaine.

"A l'époque je partais faire mes pleins dans le New-Jersey où l'essence ne coûtait qu'1 dollar 50, vous vous rendez-compte, deux fois moins cher qu'aujourd'hui!", se rappelle, nostalgique, Fahd.

"Jusqu'à récemment, j'avais pris l'habitude tous les matins avant de prendre mon service de mettre 30 dollars d'essence", explique de son côté Amrit, qui travaille jusqu'à 12 heures par jour en tirant la majeure partie de sa clientèle de deux des applications les plus utilisées à New York, Lyft et Uber.

"Cela s'est transformé progressivement en 40 à 45 dollars", calcule ce chauffeur aux sept années d'expérience dans le réseau VTC.

 

Hausse du pétrole

Les prix à la pompe ont été mis sous pression ces dernières semaines par la hausse marquée des cours du pétrole sur le marché mondial. Aux Etats-Unis, où les taxes représentent une part moins importante du prix de l'essence qu'en Europe, cette hausse se répercute plus directement sur le carburant.

Le prix de l'or noir a grimpé en raison de la remise en question de l'accord sur le nucléaire iranien par l'administration américaine, de la demande mondiale soutenue, des problèmes au Venezuela et des suites d'un accord engageant l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et dix partenaires à limiter leur production.

Appliqué depuis janvier 2017, cet accord a toutefois connu ses premières fissures fin-mai après la suggestion par l'Arabie saoudite et la Russie d'un éventuel relâchement des quotas de production.

Ces commentaires se sont traduits par un repli des cours du pétrole qui ne s'est pas encore ressenti sur les prix de l'essence, au grand dam des chauffeurs qui ont notamment à leur charge l'entretien du véhicule et le carburant.

Les prix élevés à la pompe sont d'autant plus mal accueillis par ces chauffeurs qu'ils ne peuvent pas les répercuter sur l'augmentation du prix des courses, les tarifs étant déterminés par les sociétés gérant ces applications.

Ces dernières affirment toutefois ne pas rester les bras croisés face au problème.

Souvent montrée du doigt pour ses pratiques sociales, Uber propose par exemple aux chauffeurs de souscrire à une carte de débit qui leur permet de bénéficier de réductions de 3% lors de leur passage dans les pompes à essence gérées par son partenaire, ExxonMobil. Cette promotion tombe à 1,5% dans les stations gérées par d'autres sociétés.

Plus généralement, le groupe a récemment donné son feu vert à l'augmentation des tarifs de 5 à 10% dans certaines villes américaines à l'instar de Los Angeles et Washington, au bénéfice de ses chauffeurs.

Lyft propose de son côté des "primes de carburant" qui permettent selon elle aux chauffeurs d'économiser "au moins 5 cents par gallon" à chaque plein.

Mais, "ces réductions ne sont pas suffisantes", selon Fahd. D'après lui, ces promotions ne couvrent qu'une légère partie du manque à gagner lié à l'augmentation des prix à la pompe, et il est obligé d'effectuer toujours plus de courses.

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