Les taxis, auto-écoles et ambulanciers promettent d'autres rounds (+vidéo)

Avec la première manifestation d'ampleur contre la loi mobilités, les protestataires dénoncent une ubérisation des services et une distorsion de concurrence.

Des opérations escargot menées toutes sirènes hurlantes sur des kilomètres de bouchons : des centaines de taxis, mais aussi des représentants d'auto-écoles et ambulanciers se mobilisent lundi autour et dans la capitale pour un « 1er round » contre la loi mobilités qu'ils jugent « toxique » et « faite pour les plateformes ».

Dans la matinée, entre 730 et 780 taxis participaient aux différents cortèges sur les autoroutes de la région parisienne, dont environ 230 à Roissy, selon Bison futé. Il y avait une autre centaine de véhicules, dénombrés par un journaliste de l'AFP à la Défense. Tous convergeaient vers le boulevard Raspail à Paris, à proximité du ministère des Transports, point de départ dans l'après-midi d'une manifestation à pied vers l'Assemblée nationale où est examinée la loi mobilités (LOM), qui cristallise la colère des taxis.

Au plus fort des perturbations, le site d'informations routières Sytadin enregistrait 415 kilomètres de bouchons en Île-de-France à 8 h 46, un engorgement « inhabituel » et très supérieur à la moyenne d'environ 335 kilomoètres à la même heure.

« Cette loi, si elle passe, c'est la mort des taxis », prédit Kader Remana (CFDT-Taxis). « On a payé une licence 240 000 euros, mais les VTC, eux, débarquent et peuvent rouler dans les couloirs de bus, avoir leurs stations  ? » s'agace-t-il.

Dans leur ligne de mire, plusieurs dispositions du projet de loi qui « cassent l'équilibre entre VTC et taxis », d'après Adil Karami (SUD-Taxi), et pourraient remettre en cause ces prérogatives des taxis, selon ces derniers. « Une loi faite par et pour les plateformes », étrille le tract orné d'une tête de mort des cinq syndicats (CFDT, CGT, Élite, FO, Sud) qui ont appelé à ce « 1er round » d'actions.

« Mercredi, Macron reçoit le PDG d'Uber. Nous, il ne répond même pas à nos courriers », fulmine Karim Asnoun (CGT-Taxis).

 

Loi non appliquée

Au-delà de la LOM, Karim Asnoun demande « que les lois Thévenoud de 2014 et Grandguillaume de 2016 soient appliquées », notamment leurs dispositions permettant le contrôle des données des plateformes. Un constat partagé par l'ancien député Laurent Grandguillaume, rapporteur de la loi du même nom, qui a manifesté son soutien dans un tweet matinal : « Les chauffeurs de #taxi se mobilisent et ils ont raison. Une loi a été votée en 2016. Pourquoi n'est-elle pas appliquée entièrement, deux ans pour sortir certains décrets, et pourquoi vouloir la détricoter dans la #LOM  ? »

Dans le cortège parti de la Défense Massy Khales, 10 ans de taxi à Paris et en banlieue, proteste « contre l'ubérisation de (sa) profession, mais plus largement de toute la société » : « Regardez les ambulances, les auto-écoles, même les pharmacies. C'est général », déplore-t-il.

Aux côtés des taxis, plusieurs collectifs d'auto-écoles et les deux principaux syndicats de la profession (CNPA et Unidec) appellent à une journée d'action conjointe pour contester la réforme à venir du permis de conduire qui doit être inscrite dans la LOM. Henda Ben Abdessalem, porte-parole du collectif d'auto-écoles Dicfer, pointe le rapport commandé par l'exécutif à la députée LREM Françoise Dumas (LREM), dont des pistes risquent de « déréglementer un système qui fonctionne ».

Confrontée à la concurrence féroce des plateformes, nouvelles venues dans le secteur, qui pratiquent des prix d'appel alléchants, Henda Ben Abdessalem déplore des « règles (qui) ne sont pas les mêmes pour tout le monde » : « Les écoles en ligne font appel à des auto-entrepreneurs, c'est du salariat déguisé. Nous, nous n'avons pas le droit », dit-elle.

Enfin, déjà mobilisés fin 2018 contre une réforme du financement des transports de santé, des ambulanciers étaient appelés à se joindre au mouvement par l'Association de défense des transporteurs sanitaires (ADTS).

D'autres opérations étaient également menées en France : une centaine de véhicules ont participé à une opération escargot sur le périphérique de Toulouse selon la préfecture de Haute-Garonne et 35 véhicules s'apprêtaient à faire la même chose sur la rocade de Dijon, d'après la police.

© 2019AFP