Les salariés de Michelin entre inquiétude et résignation

"Les suppressions de poste, on s'y habitue": à l'image d'Olivier Amblard, les salariés de Michelin oscillent mercredi entre inquiétude et résignation à leur sortie de l'usine de Cataroux, à Clermont-Ferrand, après l'annonce de 2.300 suppressions de postes en France.

En cette matinée glaciale de janvier, rien ne semble troubler l'activité de l'usine, avec ses immenses bâtiments gris aux toits en dent de scie, coincés entre le quartier de Montferrand et les pistes géantes où le manufacturier testait autrefois ses pneus.

L'ensemble abrite notamment des activités tertiaires et un atelier où sont fabriqués des pneus de compétition.

Rares sont les salariés qui acceptent de s'exprimer, pressés de rentrer chez eux ou de prendre leur poste. Certains le font sous couvert d'anonymat, se disant résignés.

Beaucoup découvrent les annonces de Michelin en quittant l'usine à la mi-journée.

Le manufacturier a annoncé mercredi vouloir supprimer 2.300 postes en France sur trois ans, sans départ contraints, dont 1.200 dans ses activités industrielles.

"On ne sait pas vraiment où on va mais, personnellement, pour l'instant, je ne suis pas inquiet même si on a notre petite idée... On sait très bien que Cataroux peut fermer surtout dans un secteur comme le nôtre", se risque Tanguy, 24 ans, sans donner son nom.

"On nous a parlé de pré-retraites et ça ne me concerne pas... Ils font beaucoup de choses pour reconstruire. Le problème, c'est qu'il n'y a pas tellement d'avenir pour les pneus", glisse-t-il avant d'aller prendre son travail.

 

"Clermont, c'était Michelin"

A l'entrée de l'usine, un membre du personnel vient prendre les noms des journalistes, les invitant à se rendre au siège de Michelin à proximité pour y rencontrer des représentants de la direction.

"On ne sait pas trop encore où les postes vont être supprimés. On est un peu dans le vague et je suis pas sûr qu'il y en ait beaucoup dans l'industrie", veut croire M. Amblard, 57 ans, dont 40 ans passés chez Bibendum.

Lui a toujours vécu avec ces incertitudes. "Il y a quarante ans, j'hésitais déjà à acheter ma maison! On était 30.000 à Clermont; maintenant, on est 10.000. C'est dommage que les effectifs baissent en France alors qu'à l'étranger... Pourtant, Michelin fait des bénéfices", affirme le salarié.

Lui serait "content" de pouvoir profiter des départs en pré-retraite: "Je suis rentré en 1980, c'était énorme. Clermont, c'était Michelin, aujourd'hui beaucoup moins. C'est surtout inquiétant pour les jeunes", selon lui.

Kahraman Furkan, 27 ans, est opérateur à Cataroux depuis trois ans: "On s'y attendait un peu... Il y a une baisse d'activité; on le voit", assure le jeune homme en quittant l'usine.

Un éventuel départ volontaire ? "Moi, ça m'intéresse. De toutes façons, on nous a prévenus, en nous disant qu'il y aurait de moins en moins de postes", lâche-t-il.

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