Les salariés d'Opel espèrent un nouveau départ avec PSA

"Instinctivement, j'ai l'impression que c'est plutôt positif": Fritz Lagraff, salarié du constructeur automobile allemand Opel veut croire comme nombre de ses collègues que son rachat par le français PSA fera de nouveau briller la marque à l'éclair.

Lundi à Rüsselsheim (ouest de l'Allemagne), des grappes de salariés se dirigent comme d'habitude d'un pas tranquille vers les hauts bâtiments d'acier abritant le siège d'Opel. En arrière-plan se dresse une haute tour de briques rouges, estampillée du "Blitz", l'éclair symbole de la marque.

Rien ne semble troubler la routine quotidienne sur ce gigantesque site, qui est toutefois passé quelques heures plus tôt sous pavillon français.

Le groupe PSA a annoncé l'acquisition pour 1,3 milliard d'euros d'Opel/Vauxhall, une opération qui doit transformer le groupe français en un "champion européen" et offrir un second souffle à la filiale déficitaire de General Motors (GM).

"C'est un nouveau départ", indique à l'AFP Fritz Lagraff, 53 ans, employé dans la division marketing d'Opel, au sortir d'une réunion d'information organisée en matinée par le comité d'entreprise dans l'un des immenses hangars du site.

"La marque Opel va continuer à être renforcée, sinon l'entreprise n'aurait pas été achetée. En allant dans cette direction, je ne me fais pas trop de soucis, je vois le verre plutôt à moitié plein", ajoute cet homme élégant, aux lunettes rondes et aux cheveux poivre et sel.

"Ce matin encore, certains ne croyaient pas que le rachat par PSA aurait lieu, mais dans l'ensemble, cette nouvelle est plutôt bien accueillie, nous espérons enfin avoir des perspectives et une vision claire sous la direction de PSA", confie à l'AFP un designer chez Opel, sous couvert d'anonymat.

- Craintes pour l'emploi -

Si l'espoir fait vivre, la prudence restait toutefois de mise chez le personnel, car le flou demeure concernant les intentions de PSA à long-terme, notamment sur la question des salaires et des emplois.

Rares sont d'ailleurs les salariés d'Opel qui acceptent de s'exprimer ce lundi devant la petite dizaine de journalistes groupée devant la sortie de l'usine du constructeur.

"Je ne peux pas me réjouir, mais je ne peux pas non plus voir les choses de manière négative. J'ai 58 ans, pour moi, c'est peut-être une bonne chose, les jeunes doivent attendre de voir ce qui en ressortira", déclare un ouvrier en bleu de travail, qui comme la plupart de ses collègues refuse de donner son nom.

"Les accords salariaux courent jusque 2018 et tout le reste est encore à négocier jusqu'à la signature finale", souligne cet employé, avant de rejoindre les longues files de collaborateurs retournant vers leurs postes de travail.

"Naturellement il y a de l'inquiétude", renchérit un autre ouvrier, habillé d'un pantalon de travail sombre et d'un gilet fluo, qui craint comme beaucoup des mesures de réduction des coûts, et donc des effectifs, ces prochaines années sous la houlette de PSA.

- "Relancer la machine" -

Fondée en 1862 par Adam Opel, Opel a produit des machines à coudre puis des bicyclettes avant de se lancer en 1899 dans l'automobile. Plus grand constructeur d'Allemagne pendant des décennies avant d'être devancé par Volkswagen, Opel était depuis 1929 dans l'escarcelle de GM.

Sauf que depuis 1999, la marque à l'éclair et sa jumelle britannique Vauxhall ne gagnent plus d'argent, une panne qui s'est traduite pour son propriétaire GM par une facture de 15 milliards de dollars sur les 16 dernières années.

"Ca n'a jamais été simple de travailler avec GM, on ne peut pas dire qu'Opel était très considéré. Avec PSA nous espérons des relations plus équilibrées, Opel a vraiment la possibilité de revenir dans le vert très rapidement pourvu qu'on lui en donne les moyens", assure à l'AFP le même designer.

"Le sentiment général est que cette évolution est plutôt une opportunité de relancer la machine", poursuit-il, mais "il y a toutefois des inquiétudes parmi les collègues sur les chaînes de production, pour eux, ça risque d'être plus compliqué".

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