Les élus demandent des comptes à Autolib

Le syndicat Autolib' Métropole, qui réunit les communes accueillant Autolib', a annoncé mardi qu'il engageait un audit des comptes du système d'auto-partage géré par le groupe Bolloré, des élus parisiens LR s'émouvant des risques de facture "salée" pour les contribuables.

Cet "examen financier rigoureux, confié à un cabinet indépendant, permettra de confirmer ou d'infirmer" les chiffres récemment annoncés par le groupe Bolloré d'un déficit potentiel de 179 millions d'euros du service, indique un communiqué.

Le groupe Bolloré est en charge du service Autolib' jusqu'en 2023, rappelle Autolib' Metropole dans le communiqué.

"Alors que son plan d'affaires initial prévoyait un bénéfice substantiel à l'horizon de la fin du contrat, le délégataire a revu ses prévisions à la baisse, en faisant état d'un déficit potentiel de 179 millions d'euros dont 60 millions seraient contractuellement à la charge du délégataire", poursuit-il.

119 millions resteraient donc à la charge de la centaine de communes qui accueillent ce service "innovant".

Le syndicat Autolib' Métropole "déplore cette situation".

L'audit "s'accompagnera de préconisations en vue d'un retour à l'équilibre d'ici 2023, aux fins de préserver ce service public pionnier et unique au monde par son ampleur, auxquels les usagers sont très attachés. Les conclusions de ce rapport sont attendues d'ici début mars", conclut le syndicat.

Né en 2011, Autolib' est un "succès considérable", rappelle-t-il, avec 100.000 abonnés annuels, près de 5 millions de locations en 2016 (+11% par rapport à 2015) et une couverture territoriale qui s'est étendue d'une quinzaine à 100 collectivités.

Les élus Les Républicains ont interpellé sur la question l'exécutif parisien à l'occasion du Conseil de Paris, actuellement réuni.

"Qui va supporter ces pertes ?", a lancé Jean-Didier Berthault en ajoutant que "la facture promet d'être salée" pour les contribuables des 100 communes concernées, qui risquent ainsi selon lui de devoir mettre la main à la poche.

Pour Paris, ce sera "65 millions de pertes" pour une capitale "déjà au bord du gouffre financier en raison de ses grandes orientations budgétaires", alors que par ailleurs des hausses de tarif du service auront lieu en février, a ajouté l'élu.

Christophe Najdovski, adjoint EELV aux Transports de la maire PS de Paris Anne Hidalgo, a répondu que l'exécutif parisien "considérait la possibilité d'un tel déficit avec la plus grande gravité. Il n'est pour nous pas envisageable qu'il soit compensé par les villes et donc par les contribuables".

L'élu parisien a justifié ainsi la décision de lancer cet audit afin "d'analyser finement la gestion du service et ses coûts réels" pour pouvoir proposer des mesures d'améliorations et pérenniser un service apprécié.

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