Les déboires en Bourse d'Uber

Les débuts décevants d'Uber en Bourse étaient dus à des "turbulences du marché" liées à la guerre commerciale sino-américaine, a assuré mardi le patron du groupe Dara Khosrowshahi, affirmant que cela n'affecterait pas les performances à long terme.

"Nous avons été pris dans un tourbillon de marché et vous ne pouvez rien y faire", a déclaré M. Khosrowshahi lors d'une interview organisée par l'Economic Club of Washington.

Le patron a déclaré que la chute du titre était probablement due aux frictions commerciales entre Pékin et Washington.

Le jour de l'entrée à Wall Street d'Uber, le président Donald Trump avait lancé la procédure destinée à augmenter les taxes douanières sur la quasi totalité des importations en provenance de Chine, énième épisode du conflit commercial sino-américain.

Ces débuts difficiles ne changent pas les perspectives à long terme d'Uber, qui vont du covoiturage aux livraisons de repas, en passant par les vélos électriques et trottinettes, sans compter les voitures autonomes et même les taxis volants, a ajouté M. Khosrowshahi.

"Si nous travaillons à la création d'une grande entreprise, le marché se mettra en place automatiquement", a-t-il déclaré.

Certains analystes doutent cependant du modèle économique d'Uber, qui accumule les pertes.

Le dirigeant a aussi fait valoir qu'Uber avait une forte marge de progression, car le marché mondial des transports,gigantesque, représente quelque 16.000 milliards de dollars.

"L'entreprise elle-même peut être très rentable, nous sommes confiants, mais les deux, trois, quatre prochaines années seront consacrées à la croissance", a-t-il prévenu.

Interrogé sur les projets d'Uber en matière de véhicules autonomes, il a déclaré que des taxis entièrement autonomes n'arriveraient pas sur les routes avant au moins 15 ans. Mais avant cela, les véhicules intègreront progressivement des fonctions partiellement autonomes, a-t-il estimé.

Selon lui, il pourrait y avoir des véhicules autonomes pour les courses "les plus faciles" d'ici cinq ans. Mais pour une conduite entièrement autonome, "nous allons faire extrêmement attention et nous allons être absolument sûrs que la sécurité passe avant toute chose".

L'apparition de M. Khosrowshahi a coïncidé avec le début du "sommet" appelé "Uber Elevate" à Washington, où Uber a l'habitude de présenter ses ambitions en matière de transport aérien.

Le groupe, qui souhaite créer un réseau de "taxis volants" (Uber Air) sur certains marchés d'ici 2023, a indiqué à cette occasion avoir choisi une troisième ville, Melbourne (Australie), après Dallas et Los Angeles aux Etats-Unis, pour les tester à partir de l'an prochain.

"Uber ne construira pas les véhicules, mais travaillera avec les leaders du secteur pour produire des aéronefs à décollage vertical 100% électriques", a rappelé le groupe, qui a par exemple présenté une cabine de son futur appareil, mise au point avec le français Safran.

La semaine dernière, Uber a annoncé le lancement début juillet de ses premières courses par hélicoptère, un service baptisé Uber Copter, transportant des passagers entre l'aéroport JFK de New York jusqu'au sud de Manhattan.

S'il est déjà possible de quitter les aéroports new-yorkais par hélicoptère, il suffira de réserver sa course sur son smartphone, via l'application Uber.

Uber a perdu environ un milliard de dollars au premier trimestre 2019 et engrangé un chiffre d'affaires de 3,1 milliards de dollars (+20%).

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© 2019AFP