Les constructeurs américains à la Maison Blanche

Les dirigeants des principaux constructeurs automobiles aux Etats-Unis ont rencontré vendredi Donald Trump à la Maison Blanche pour trouver un terrain d'entente sur la renégociation du traité de libre-échange nord-américain (Aléna) et la révision des normes de consommation de carburant.

"Nous travaillons sur les normes CAFE, les mesures sur l'environnement et comment arriver à fabriquer plus de voitures aux Etats-Unis", a souligné le président américain en ouvrant une table ronde avec Mary Barra (General Motors), Sergio Marchionne (Fiat-Chrysler), James Hackett (Ford) et des représentants de Volkswagen, Nissan, Toyota, Mercedes-Benz, BMW, Honda et Hyundai.

Ces normes "CAFE" (Corporate Average Fuel Economy) font l'objet d'un débat aux Etats-Unis car l'administration Trump veut alléger celles fixées par Barack Obama pour la période 2022/2025 visant à ramener progressivement la consommation moyenne de la flotte de chaque constructeur à 54,5 miles par gallon (4,32 litres/100 kilomètres) d'ici 2025.

Si les constructeurs affirment que les objectifs fixés par la précédente administration sont trop stricts, ils craignent aussi de se voir obligés de se conformer à des normes différentes selon les Etats.

La Californie, l'Etat le plus peuplé des Etats-Unis et traditionnellement démocrate alors que Donald Trump est républicain, peut ainsi fixer des normes plus sévères que celles prévues par CAFE et une dizaine d'autres Etats ont indiqué qu'ils suivraient son exemple.

Mais avec le recul des prix de l'essence ces dernières années, les consommateurs américains ont recommencé à acheter de grosses voitures gourmandes en carburant sur lesquelles les marges bénéficiaires sont importantes, ce qui rend les constructeurs d'autant moins enclins à investir dans des véhicules plus économes. Certains, comme Tesla, rencontrent un grand succès avec des voitures électriques mais celles-ci ne représentent que moins de 1% du marché américain.

 

Règles d'origine

L'autre sujet de contentieux entre l'administration Trump et les constructeurs est la renégociation du traité Aléna qui unit les Etats-Unis, le Canada et le Mexique.

M. Trump a félicité vendredi Sergio Marchionne, qui est Italien, pour sa décision de transférer une usine du Mexique vers les Etats-Unis.

Mais les constructeurs, qui ont beaucoup investi dans des usines au Mexique depuis l'entrée en vigueur de l'accord en 1994, craignent qu'une modification des règles actuelles, dites "règles d'origine", pour qu'un véhicule puisse être vendu sans droits de douane aux Etats-Unis alors qu'il est fabriqué au Canada ou au Mexique, n'augmente leurs coûts.

Interrogé sur la question vendredi au début de la table ronde, Donald Trump a répondu: "On verra bien. Nous renégocions l'Aléna actuellement et je n'ai jamais été un grand fan de l'Aléna qui a été une très mauvaise chose pour les Etats-Unis".

"Nous voulons qu'ils (les constructeurs) fabriquent plus de voitures aux Etats-Unis et aussi les construire ici pour les exporter".

L'Auto Alliance, le lobby des constructeurs automobiles aux Etats-Unis, avait indiqué fin avril que les propositions mises sur la table par Washington pour modifier ces règles d'origine pourraient avoir pour effet de déplacer la production vers d'autres régions à bas coût de main d'oeuvre hors de l'Aléna plutôt que de la ramener aux Etats-Unis.

La ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a pour sa part déclaré jeudi après une nouvelle séance de négociations à Washington que "les règles d'origine et d'une manière plus générale le secteur automobile sont une partie énorme de l'espace économique que couvre l'Aléna" et qu'elles constituaient "l'axe prioritaire" du Canada dans les discussions.

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