Le secteur auto dope les bénéfices du CAC 40

L'année 2015 a été moins faste pour les bénéfices des entreprises du CAC 40, à cause de lourdes pertes du sidérurgiste ArcelorMittal et du géant de l'énergie Engie, même si la plupart des secteurs ont vu leurs résultats s'améliorer, notamment les banques et l'automobile.

La chute des matières premières a finalement pesé plus lourd que la baisse de l'euro: au total, les 37 sociétés de l'indice phare de la Bourse de Paris qui ont déjà publié leurs résultats, jeudi à la clôture, ont dégagé 58,2 milliards d'euros de bénéfice net cumulé l'an dernier, contre 61,4 milliards en 2014, pour un chiffre d'affaires global en baisse de 2,2% à 1.113 milliards, selon un décompte de l'AFP.

Aidés par la triple baisse des taux d'intérêt, de l'euro et du pétrole, les champions du capitalisme français s'en tirent "plutôt pas mal", même si les marchés ont largement revu leurs attentes à la baisse au second semestre, juge pour l'AFP Fabien Laurenceau, stratégiste du courtier Aurel BCG.

Deux tiers des groupes ont augmenté leurs profits, mais ces bons résultats ont été effacés par les seuls déboires d'ArcelorMittal et d'Engie.

Pris en tenaille entre l'effondrement du prix du minerai de fer et la concurrence chinois, le sidérurgiste a multiplié ses pertes par huit, à près de 7,3 milliards d'euros (8 milliards de dollars).

"On a du mal à voir comment ils vont réussir à s'en sortir", indique M. Laurenceau, doutant que Pékin parvienne à résorber ses "surcapacités fortement excédentaires".

Entraîné par la chute des cours du pétrole et une délicate transition énergétique, l'ex-GDF Suez a pour sa part plongé dans le rouge, passant de 2,4 milliards de profits à 4,6 milliards de pertes en raison de dépréciations massives.

Tout le secteur de l'énergie a suivi la même pente, à l'image d'EDF (sorti de l'indice en décembre) et de Technip, dont les bénéfices ont été divisés respectivement par 3 et par 10 l'an dernier.

Le mastodonte pétrolier Total, qui avait dévalué ses actifs en 2014, a vu ses profits rebondir de 20%, à plus de 5 milliards, mais "si le baril reste à ces niveaux, on ne peut pas exclure une nouvelle dépréciation au cours de l'année", prédit le stratégiste.

 

Rebond 'trompeur' des banques

La palme des profits revient une nouvelle fois au géant pharmaceutique Sanofi, avec près de 7,4 milliards d'euros, devant BNP Paribas (6,7 milliards), dont le bénéfice a été multiplié par plus de 42 après l'amende record infligée par les Etats-Unis en 2014. Comme l'an passé, Axa (5,6 milliards) termine sur la troisième marche du podium.

Les autres banques affichent aussi une belle santé, avec des bénéfices en hausse de près de 50% l'an dernier pour Crédit Agricole et Société Générale.

Ce rebond est cependant "très trompeur", car les banquiers ont été contraints d'augmenter leurs provisions après la crise des dettes souveraines européennes, explique M. Laurenceau.

"On avait eu des années 2013-2014 difficiles, donc on peut avoir l'impression que c'est mieux", mais "on voit mal comment ils vont réussir à sortir la tête de l'eau, parce que la pression réglementaire se poursuit".

Le secteur de l'automobile a lui confirmé sa sortie de crise en dépit du scandale Volkswagen, avec le retour dans le vert de PSA Peugeot Citroën et les bonnes performances de Renault (hausse de 48% du bénéfice net), Valeo (+13%) et Michelin (+30%).

D'autres secteurs affichent aussi des profits en nette augmentation, comme l'aéronautique (Airbus, Safran), l'agro-alimentaire (Danone, Pernod Ricard) et surtout les télécoms.

L'équipementier Alcatel-Lucent est ainsi sorti de la zone rouge, tandis qu'Orange a presque triplé son bénéfice. Quatre ans après l'arrivée de Free sur le marché du mobile, qui a déclenché une guerre des prix, "on sent que le creux de cycle est passé", note le stratégiste.

Par ailleurs, certains groupes ont publié des profits en forte baisse après des résultats 2014 gonflés par des plus-values de cessions, en particulier Vivendi (-59%), Bouygues (-50%) et LVMH (-36%).

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