Le texte est "un projet de loi visant à améliorer la mobilité du quotidien", a-t-elle dit à l'issue du conseil des ministres.
Il doit d'abord, selon elle, permettre de "sortir les zones blanches de la mobilité" pour "apporter partout des solutions pour sortir de la dépendance à la voiture individuelle".
Initialement annoncée pour le printemps, la LOM a été plusieurs fois retardée, notamment à cause de la réforme ferroviaire.
C'est un hasard si sa présentation survient au beau milieu du mouvement des "gilets jaunes", amorcé sur un mouvement de protestation contre la hausse de la fiscalité sur les carburants.
Le gouvernement a finalement décidé d'exclure du projet de loi les péages urbains.
Par ailleurs, le texte prévoit de couvrir l'ensemble du territoire d'une "autorité organisatrice de la mobilité". Les intercommunalités seront invitées à se saisir du sujet d'ici à fin 2020, remplacées au besoin par les régions.
Pour "accélérer le développement des nouvelles solutions de mobilité", la LOM doit encadrer l'essor des véhicules autonomes, clarifier le cadre du covoiturage et celui des engins en libre-service (comme les trottinettes), permettre aux autorités organisatrices d'aménager l'espace urbain et aussi ouvrir les données.
Régions et agglomérations devront aussi d'ici à 2021 veiller à ce qu'existent partout des applications permettant de trouver le meilleur itinéraire, payer son trajet, valider son ticket, etc.
Au chapitre de "la réussite de la transition écologique des mobilités", la LOM prévoit des mesures en faveur du vélo (contre le vol, ou pour encourager le déploiement de stationnements sécurisés), pour aider la transition des parcs automobiles vers l'électrique ou favoriser le biogaz.
Le texte envisage aussi la création d'un "forfait mobilités durables" pour encourager les déplacements domicile-travail en vélo ou en covoiturage et la création de zones à faibles émissions dans les villes.
Il comprendra aussi la réforme du permis de conduire promise par le président Emmanuel Macron le 9 novembre, pour réduire les délais et en baisser le coût.
Enfin, la programmation des infrastructures des transports veut apporter une "visibilité pluriannuelle", avec comme priorité la rénovation des réseaux existants.
Pour la première fois, ce projet de loi apportera une vision sur dix ans des investissements dans les transports. Il s'agit de sortir des promesses non financées de ces dernières années", a relevé Elisabeth Borne.
Les ONG saluent des "premiers pas" mais "insuffisants"
Les défenseurs de l'environnement ont salué des avancées dans la loi sur les mobilités, regrettant malgré tout des mesures "insuffisantes", en particulier pour réduire la place de la voiture.
"Le texte pose de nouvelles bases qui marquent un changement de paradigme pour le déploiement d'alternatives aux véhicules diesel et essence et pour amorcer la fin de notre vulnérabilité au pétrole. Il reste néanmoins encore du chemin à parcourir pour rendre cette transition des mobilités équitable et à la hauteur des enjeux environnementaux", a commenté le WWF dans un communiqué.
"Le projet de loi sur les mobilités fait un pas vers un système de mobilité plus durable, mais le gouvernement ne s'est pas donné les moyens d'en faire un véritable bouclier contre le dérèglement climatique et la hausse des prix du carburant", a renchéri le Réseau Action Climat.
Du côté des avancées, les ONG citent notamment le déploiement de zones à faibles émissions dans les agglomérations polluées, le plan vélo ou encore le renforcement du rôle des collectivités locales. Mais elles regrettent le manque de moyens financiers et surtout dénoncent l'absence de date pour une sortie des véhicules thermiques du parc automobile.
Le plan climat présenté en 2017 par l'ancien ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot prévoyait la fin des voitures thermiques d'ici à 2040.
Le projet de loi sur les mobilités lui "ne fixe pas clairement de cap de sortie du tout-voiture", a relevé Sarah Fayolle, de Greenpeace.
"Manque notamment la date de fin de vente des véhicules diesel et essence, jalon indispensable d'une trajectoire de décarbonation des transports", a aussi souligné la Fondation pour la Nature et l'Homme (FNH).
"Une politique simplement incitative, dans la poursuite de ce qui est engagé depuis de nombreuses années ne garantirait en rien l'atteinte des objectifs climat de l'accord de Paris", a-t-elle ajouté.
Les ONG ont ainsi appelé les parlementaires à renforcer la loi pour inclure une date pour cette fin des voitures thermiques, idéalement "à l'horizon 2030" pour WWF et la FNH.