Le patron d'Aston Martin "saoulé" par un possible Brexit sans accord

Le patron du constructeur d'automobiles de luxe Aston Martin, célèbres pour leurs apparitions dans les films James Bond, s'est dit "saoulé" jeudi par la perspective d'un Brexit sans accord.

Le directeur général du fabricant britannique de voitures de sport, Andy Palmer, était interrogé sur les conséquences pour son groupe d'un éventuel Brexit abrupt par rapport à celles que subiraient les autres constructeurs installés au Royaume-Uni mais qui produisent les voitures de M. Tout le monde.

"Nous sommes moins exposés mais nous sommes tout autant saoulés", a répondu du tac au tac M. Palmer lors d'une rencontre avec la presse organisée avant une conférence à Londres de la l'Association des constructeurs et des vendeurs automobiles (SMMT), consacrée à la voiture connectée.

Cette réponse a fait rire l'assistance présente à cette réunion organisée à deux pas du Parlement de Westminster, au moment où la saga interminable du Brexit est dans toutes les têtes dans la capitale britannique.

M. Palmer a expliqué qu'Aston Martin serait un peu moins touché que d'autres constructeurs par un éventuel Brexit sans accord le 12 avril - ou par une montée ultérieure des droits de douane entre le Royaume-Uni et le reste de l'Europe -, disant: "Nous sommes plus flexibles sur les prix car nous vendons un produit de luxe".

"S'il y avait des droits de douane, nous aurions davantage de marge de manoeuvre pour en faire porter la charge au client", a-t-il argué. En 2018, les acquéreurs des 6.441 Aston Martin vendues dans le monde ont payé en moyenne 157.000 livres (184.000 euros) pour s'offrir un de ces bolides et ce type de client fortuné pourrait être moins sensible à un supplément de quelque pour-cent.

M. Palmer a ajouté qu'un Brexit dur entraînerait une dégringolade de la livre sterling qui rendrait les Aston Martin moins chères pour les acheteurs munis d'autres devises - comme le dollar ou l'euro.

Mais le dirigeant a ajouté que le constructeur souffrirait des nouvelles barrières tarifaires et réglementaires qui s'érigeraient autour du Royaume-Uni en cas de sortie de l'UE sans accord. "Le principal souci, c'est l'importation des pièces détachées, dont une part importante vient de l'UE" avant d'être utilisée par Aston Martin au Royaume-Uni pour assembler ses voitures.

"Vous ne pouvez pas fabriquer des voitures sur le modèle du +juste à temps+ s'il vous manque des pièces - et recevoir vos pièces via la voie Calais/Douvres pourrait poser problème, notamment au début, en cas de Brexit sans accord", a souligné M. Palmer.

Fin février, le constructeur avait annoncé avoir mis de côté 30 millions de livres pour faire face aux perturbations du Brexit.

pn/jbo/nas

© 2019AFP