Le Maire : 50 millions d'euros pour les sous-traitants

Le ministre des Finances Bruno Le Maire a annoncé lundi la création de deux fonds dotés de 25 millions d'euros chacun pour aider les sous-traitants en difficulté de la filière automobile française, lors d'une réunion à Bercy.

Confirmant que le gouvernement allait "déplafonner le malus automobile au-delà de 172 grammes" de CO2 par kilomètre en 2020, M. Le Maire a indiqué que "l'intégralité des recettes de ce malus, 50 millions d'euros, ira aux sous traitants automobiles français".

Ces derniers font face au double défi du retournement de la conjoncture mondiale et de la chute spécifique des ventes de véhicules diesel en Europe.

Un premier fonds servira à "accompagner la transformation écologique de la filière", en aidant les sous-traitants à "identifier les meilleures opportunités de diversification et investir dans de nouvelles lignes de production", a expliqué le ministre.

Un deuxième fonds, doté comme le premier de 25 millions d'euros, servira à des garanties de prêts.

Alors que la filière automobile réclame une baisse des impôts de production en France afin d'améliorer sa compétitivité, M. Le Maire n'a pas pris d'engagement chiffré. "Je veux que les impôts de production commencent à baisser durant le quinquennat et que nous tracions une trajectoire de baisse sur 10 ans", a-t-il dit. Mais il a réclamé en échange un engagement des entreprises à "maintenir l'activité en France".

M. Le Maire va confier à un expert de l'automobile, Hervé Guyot, "la mission d'évaluer (...) les conditions pour maintenir et relocaliser l'activité en France (...) et améliorer les relations entre donneurs d'ordre et sous-traitants". Les conclusions sont attendues "en début d'année prochaine".

Le ministre souhaite par ailleurs donner de la visibilité à la filière sur l'avenir du bonus écologique, actuellement fixé à 6.000 euros pour l'achat d'une voiture électrique neuve. La ministre de la Transition écologique et solidaire "Elisabeth Borne annoncera très prochainement le calendrier des primes qui seront versées pour les véhicules électriques sur un temps long", a déclaré M. Le Maire.

Au sujet du déplafonnement du malus automobile au-dessus de 172 grammes de CO2, le ministre a souligné qu'"aucun de ces véhicules n'est construit en France, ça ne pénalisera pas l'industrie automobile française", ces voitures étant essentiellement des gros SUV (4x4 de loisirs) de fabrication allemande.

Luc Chatel, président de la Plateforme automobile (PFA) qui défend les intérêts de la filière, s'est réjoui que M. Le Maire accepte de rouvrir le dossier des impôts de production. "La mission d'Hervé Guyot va être très importante pour mettre sur la table tous les sujets tabou, les écarts de compétitivité entre les pays", a-t-il déclaré.

La PFA estime que 15.000 emplois sont menacés en France, uniquement dans la filière diesel dont les ventes se sont effondrées.

Le président de Renault, Jean-Dominique Senard, a regretté la marginalisation du diesel dont la technologie a beaucoup progressé selon lui. "La transformation à marche forcée a un coté sympathique, volontariste. Il me semble qu'elle a totalement sous estimé l'impact social du sujet", a-t-il dit, déclenchant des applaudissements nourris.

Il a également plaidé pour une baisse des impôts de production, soulignant que les coûts salariaux en Espagne étaient par exemple inférieurs de 40% à ce qu'ils sont en France.

M. Senard a aussi mis en garde contre la concurrence chinoise. "Entre 2012 et 2018, la part des pneumatiques chinois en Europe est passée de 5% de part de marché à 30%", a expliqué l'ancien patron de Michelin. "Dans l'automobile, attendons-nous maintenant à quelque chose qui pourrait être équivalent. Les véhicules chinois sont prêts."

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