Le déclin du diesel se confirme à Genève

L'industrie automobile prend acte prudemment du déclin du diesel en Europe, lors du salon de Genève, et réagit avec prudence aux menaces de guerre commerciale du président américain Donald Trump.

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"Nous allons substantiellement diminuer notre recours au diesel, nous n'avons pas le choix", a annoncé mardi Sergio Marchionne, patron de Fiat Chrysler, promettant des annonces lors de la présentation du futur plan stratégique du groupe le 1er juin.

Ce marché baisse fortement depuis plusieurs années en Europe. L'annonce récente par la justice allemande qu'elle ouvrait la porte à d'éventuelles interdictions des vieux diesel en ville risque de dissuader encore des clients. Plusieurs agglomérations comme Paris ont annoncé qu'elles voulaient interdire progressivement ces véhicules, considérés comme plus polluants.

Lundi, Toyota, pionnier des motorisations hybrides essence-électrique, avait affirmé qu'il allait cesser de vendre des voitures particulières diesel en Europe à la fin de l'année.

Une telle décision est plus facile pour un groupe comme Toyota, dont quatre véhicules sur dix vendus sur les marchés européens sont aujourd'hui des hybrides.

La situation est autrement plus complexe pour les grandes marques allemandes de haut de gamme. Leurs grosses berlines et 4x4 sont encore largement tributaires de ces moteurs pour contenir leurs émissions de CO2.

 

Incertitudes

BMW préfère insister sur l'essor de ses ventes de véhicules électriques, avec notamment son modèle i3, l'un des plus vendus en Europe. "Nous croyons en l'électrification (...). Nous devons réagir de façon flexible aux évolutions du marché", a déclaré le PDG Harald Krüger, qui n'anticipe pas de fin brutale du diesel. "Cela n'aurait pas de sens de renoncer à cette technologie", a également assuré Dieter Zetsche, le patron de Daimler (Mercedes).

Quelle sera la part de l'essence, de l'hybride et de l'électrique ces prochaines années?

Les constructeurs, plongés dans l'incertitude, investissent des sommes importantes pour flexibiliser leur outil de production et être en mesure de répondre à la demande, quel que soit le scénario.

Ils peuvent compter sur des profits records accumulés depuis au moins deux ans, alors que les marchés mondiaux sont au plus haut. Tous ont annoncé des milliards d'investissement dans le véhicule électrique, autonome et connecté du futur.

Carlos Tavares, le patron de PSA, deuxième constructeur automobile européen, a cependant demandé aux pouvoirs publics de développer des infrastructures de recharge pour éviter que ces investissements ne se fassent pas en vain.

"Ce sont les Etats qui doivent financer les infrastructures" nécessaires pour convaincre les consommateurs d'abandonner les motorisations thermiques, a-t-il dit, affirmant que PSA était prêt à électrifier sa gamme à partir de l'an prochain.

Renault, qui a investi en pionnier sur l'électrique, en tire des bénéfices avec une position de leader en Europe, avec sa citadine Zoe. Sur l'électrique, "nos ventes explosent littéralement", s'est réjoui auprès de l'AFP Thierry Bolloré, directeur général adjoint du groupe. La baisse du diesel "n'est pas une nouveauté, ça fait des années" et "nous sommes préparés", a-t-il assuré.

 

Relativiser Trump

Les patrons du secteur s'évertuaient par ailleurs à relativiser les risques de guerre commerciale, après des menaces du président américain Donald Trump de taxer les importations d'acier et d'aluminium aux Etats-Unis.

M. Trump avait même brandi la possibilité de taxer les importations d'automobiles européennes, ce qui toucherait d'abord les constructeurs allemands qui produisent pourtant massivement en Amérique du Nord.

"Cela ne nous rend pas nerveux", a réagi le PDG de Porsche, Oliver Blume. "Il y a une distance de la parole aux actes", a-t-il dit.

"Prenons un peu de recul et essayons d'observer le jeu des acteurs parce qu'il y a un jeu des acteurs", a commenté M. Tavares, relativisant lui aussi la portée des propos de M. Trump.

Près de 700.000 visiteurs sont attendus à Genève à partir de jeudi pour contempler les quelque 900 voitures exposées, dont de nouveaux 4x4 urbains électriques, les vedettes du salon, comme le I-Pace de Jaguar et le Kona de Hyundai.

Lundi, le Volvo XC40 a été désigné voiture européenne de l'année, une première pour la marque suédoise. Elle consacre un SUV pour la deuxième année consécutive, après le Peugeot 3008 en 2017.

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