L'automobile, grande perdante du CAC 40 en 2018

Comme la plupart des bourses européennes, la place parisienne, qui avait démarré l'année du bon pied, a fini par tirer la langue en 2018 face à une explosion d'incertitudes qui a incité les investisseurs à privilégier des valeurs "locomotives".

Le CAC 40, indice phare de la Bourse de Paris, a chuté de 8,64% à 4.853,70 points depuis le 1er janvier, alors qu'il avait progressé de 9% l'année dernière. Mais il a mieux résisté que nombre de ses pairs européens, dont le Dax allemand et la cote milanaise, grâce à la bonne tenue de titres "locomotives", capables de battre la croissance du marché.

Devant la multiplication des doutes, les investisseurs se sont repliés sur des valeurs dites défensives, peu sensibles aux variations de la conjoncture. Ils ont aussi privilégié les valeurs incarnant la "qualité et l'innovation", indique à l'AFP Yann Azuelos, gestionnaire de portefeuille chez Mirabaud France. Le secteur de la santé s'est globalement "plutôt bien porté".

En revanche, les valeurs financières, qui font partie des valeurs cycliques très corrélées à la conjoncture, ont souffert des taux bas et du bras de fer entre Bruxelles et Rome sur la dette italienne. Quant aux constructeurs automobiles et leurs équipementiers, ils ont été "massacrés", victimes notamment du retournement du marché mondial, frappés par des normes anti-pollution pour les voitures neuves et par une baisse de la demande.

 

Les grands gagnants

Safran : (moteurs d'avion, équipements de sécurité, armement) : +25,95% à 108,20 euros depuis le 1er janvier. Le groupe "a bien digéré son acquisition de Zodiac Aerospace" avec "de belles synergies", il a une "bonne visibilité sur son carnet de commandes" et "est capable de passer des hausses de prix", décrypte Yann Azuelos. Il bénéfice d'un marché très porteur avec des fortes commandes aéronautiques.

Dassault Systèmes (logiciels industriels, de dessin 3D) : +18,24% à 105,10 euros depuis le premier janvier. "Le management a une très bonne vision stratégique", les acquisitions sont "très bien ciblées", leur chaîne de distribution et leur trésorerie nette sont "super solides". Le groupe "a su ne pas être uniquement sensible à un seul acteur industriel", il est très présent dans l'automobile mais aussi dans l'aéronautique.

Pernod Ricard (spiritueux) : +12,47% à 148,40 euros. Certes, le deuxième groupe mondial de spiritueux est exposé aux pays émergents "mais c'est cette zone qui porte". Il profite d'un "rayonnement international", "un portefeuille de marques très diversifié", "une présence en Europe, aux Etats-Unis, dans les pays émergents", une "capacité à augmenter la rentabilité" et "une belle redistribution à l'actionnariat".

Kering (luxe) : +10,63% à 404,40 euros. Kering s'est recentré l'an dernier sur ses activités Luxe en cédant l'équipementier sportif Puma. Le titre profite du rayonnement international de ses marques (Gucci, Saint Laurent, Bottega Veneta ou Balenciaga) et de ventes ressorties au-dessus des attentes au troisième trimestre. Même en Chine continentale, Kering a affiché au troisième trimestre "la plus forte croissance sur l'année 2018 pour ses trois principales marques".

L'Oréal (cosmétiques): +10,46% à 204,30 euros depuis le 1er janvier. Le titre "chouchou des Français a surpris en 2018" car malgré le ralentissement en Chine, il a réussi à progresser sur ce marché. Le groupe a "bien positionné ses gammes de produits", il est "présent sur les produits ethniques et le vieillissement de la population". "Une marque unique", avec "une direction super et une politique de redistribution de dividendes", selon M. Azuelos.

 

Les grands perdants

Valeo (équipementier automobile) : Le titre a enregistré depuis le 1er janvier la plus forte baisse du CAC 40 (-61,43% à 24,02 euros) et constitue la plus petite capitalisation dans l'indice. La valeur --l'une des plus performantes du CAC en 2017-- a été ébranlée par la guerre commerciale, la hausse des matières premières et des mauvais résultats. L'équipementier automobile a pâti directement de la descente aux enfers des constructeurs. Par ailleurs, il a été sanctionné par un abaissement de ses objectifs annuels en juillet. Le titre s'est alors enfoncé, perdant 50% de sa valeur.

Atos (informatique) : Le titre, qui avait atteint en octobre 2017 un sommet autour de 130 euros, a perdu 42,97% à 69,20 euros depuis le 1er janvier. Cet été, "un décalage comptable a inquiété les investisseurs" et fait baisser le cours. Le groupe a également publié "des résultats jugés décevants" et a revu en baisse en octobre sa prévision de croissance et de rentabilité pour 2018. Parmi ses faiblesses, son "positionnement géographique, sa dépendance à la croissance externe" mais aussi "une forte concurrence", souligne M. Azuelos.

Saint-Gobain (construction/matériaux innovants): -35,64% à 29,60 euros. Le titre a été mis sous pression par des "chiffres de la construction décevants, des effets de grève qui ont retardé quelques contrats, la situation au Brésil et un fort environnement concurrentiel".

Renault : - 33,68% à 55,65 euros. Le titre a pâti du ralentissement du marché mondial, des nouvelles normes anti-pollution et a subi par ricochet le dommage de la guerre commerciale sur les constructeurs allemands. Mais l'incarcération du patron de Renault, Carlos Ghosn, incarcéré au Japon pour avoir sous-estimé sa rémunération, a été le "deuxième effet Kiss Cool", selon M. Azuelos. "Le risque de remise en cause de l'alliance stratégique Nissan-Renault" pose problème.

BNP Paribas (banque): -33,18% à 41,60 euros depuis le 1er janvier. Le groupe bancaire a surtout pâti de son exposition au secteur bancaire italien avec la banque BNL, rachetée en 2000.

pan/tq/az

© 2018AFP