L'Allemagne, mauvaise élève de la mobilité verte (OCDE)

L'Allemagne ne fait pas suffisamment d'efforts pour décarboner son secteur des transports et réduire la pollution liée au trafic routier, a critiqué l'OCDE dans un rapport publié lundi.

"La décarbonation du secteur allemand des transports n'est pas sur les rails", écrit l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans ce rapport consacré à la politique climatique de la première économie européenne.

La secteur des transports est traditionnellement le point noir du bilan des émissions de CO2 en Allemagne.

Comme l'année précédente, il n'a atteint en 2022 les objectifs gouvernementaux de baisse des émissions de gaz à effet de serre, enregistrant une légère hausse de 0,7%, selon les chiffres officiels.

"Les efforts de réduction des émissions sont entravés par l'augmentation du nombre de voitures particulières et la croissance du trafic de poids lourds", constate l'OCDE.

L'OCDE déplore les opportunités manquées de réforme, qu'il s'agisse d'imposer des limitations de vitesse sur autoroute, des péages routiers ou urbains, de la hausse des tarifs de stationnement.

La politique des transports est l'une des pommes de discorde au sein de la coalition d'Olaf Scholz entre le ministre des Transports du parti libéral et les ministres écologistes qui lui reprochent de ne pas faire assez contre la pollution automobile.

Si l'électromobilité jouera un rôle décisif dans la décarbonation des transports, "l'Allemagne ne doit cependant pas viser à remplacer chaque véhicule à essence ou diesel par une voiture électrique", prévient l'OCDE.

Le pays est appelé à "prendre des mesures audacieuses pour passer de mesures isolées visant principalement à de mettre sur la route des voitures moins polluantes, à une stratégie de mobilité intégrée".

La place démesurée accordée à la voiture "se reflète dans le système fiscal", ajoute l'OCDE, notant qu'en Allemagne, "le produit des taxes liées aux transports est largement inférieur à la moyenne de l'OCDE".

Ainsi, l'Allemagne "est l'un des rares pays à ne pas prélever de taxe lors de l'achat ou de l'immatriculation d'un véhicule".

Les voitures de société, qui représentent plus de 60% des voitures neuves, continuent d'être soumises à une faible taxation forfaitaire (1%), entraînant des pertes de recettes fiscales estimées à 3,1 milliards d'euros pour 2018. Les salariés se rendant au travail en voiture bénéficient également d'une indemnité forfaitaire avantageuse.

Les subventions néfastes pour l'environnement ont augmenté au cours de la dernière décennie, selon l'OCDE, étant estimées en 2018 à 65 milliards d'euros, contre 48 milliards d'euros en 2008.

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