La mobilité du futur sera hyperconnectée et automatisée

En voiture, à vélo, ou même par la voie des airs: le salon CES de Las Vegas offre une vision de la mobilité urbaine toujours plus connectée et automatisée.

A côté de petits drones de loisir, le fabricant chinois EHang expose un quadricoptère de 1,50 mètre, l'EHang 184, qui tient dans une place de parking et peut transporter une personne.

"Ce n'est pas un drone, c'est un véhicule aérien autonome", insiste Claire Chen, vice-présidente chargée du développement commercial, qui explique qu'il suffit de programmer la destination et d'appuyer sur un bouton, et que l'appareil gère le vol et l'atterrissage tout seul.

"Nous sommes prêts à le vendre à tout le monde", que ce soit pour un usage individuel ou sous forme de flotte destinée à un service à la demande, assure-t-elle. Avec un prix annoncé de 200.000 à 300.000 dollars pour 23 minutes d'autonomie, échapper aux embouteillages n'est toutefois pas à la portée de toutes les bourses. Ni pour tout de suite: l'appareil est encore en phase de tests en Chine.

Plus réaliste, le groupe américain Ford montre un vélo entrant dans le coffre de ses voitures, pour permettre des trajets combinés, et se connectant au GPS du smartphone et indique les directions en faisant vibrer son guidon du côté où il faut tourner.

Les transports de demain au CES sont aussi rendus plus intelligents en les bourrant d'électronique. L'équipementier japonais Denso présente ainsi son nouveau système de communication de voiture à voiture, ou entre véhicule et infrastructure. Il pourrait permettre de réduire la congestion urbaine en adaptant en temps réel les réglages des feux de signalisation à la densité de la circulation, suggère Patrick Powell, qui supervise les projets du groupe liés à la "smart city", la ville intelligente et connectée.

 

Des voitures aux services

Entre urbanisation croissante et changements des habitudes de la population, la relation à la voiture pourrait demain être totalement modifiée, et les constructeurs automobiles veulent l'anticiper.

"Nous sommes très fiers de fabriquer des voitures", mais "à partir de cette année, vous allez nous voir changer radicalement, pour devenir une entreprise automobile et de mobilité", avec "davantage d'attention au secteur des services de transport", a indiqué au CES le patron de Ford, Mark Fields.

Le groupe s'intéresse à divers aspects de la mobilité: les nouveaux modèles de propriété comme l'achat d'une voiture de manière groupée entre plusieurs personnes, les systèmes de prêts de véhicules entre particuliers, ou les services d'utilisation à la demande, comme son propre projet expérimental de voitures partagées à Londres, GoDrive, explique Alicia Agius, responsable de ce dernier.

D'après elle, cela permet d'ouvrir la porte aux jeunes urbains de la génération des "Millennials", qui "ne sont pas prêts à acheter leur propre voiture", en leur proposant des services permettant "d'essayer sans le risque". Avec l'espoir qu'ils finissent un jour par pousser la porte d'un concessionnaire.

General Motors a de son côté annoncé lundi, juste avant l'ouverture du CES, un investissement de 500 millions de dollars dans le service de réservation de voiture avec chauffeur Lyft. Cela s'accompagne d'une alliance stratégique en vue de développer une flotte de véhicules sans chauffeur pour un usage à la demande.

 

Voitures autonomes

Les voitures sans chauffeur sont justement un élément important de l'équation, car "quand la voiture conduit toute seule, ce qu'on conduit n'a plus d'importance", relève Ron Montoya, analyste du cabinet Edmunds.com. Cela encourage donc à la partagée plutôt que l'acheter.

Beaucoup d'acteurs des secteurs technologique et automobile travaillent sur ces voitures autonomes, avec plusieurs technologies de conduite ou de parking au moins partiellement automatiques encore cette année au CES.

Mais leur généralisation prendra du temps. Outre les problèmes de réglementation, il faut résoudre ceux que peut rencontrer le véhicule "quand (la conduite) est facile, mais aussi quand c'est difficile", et le seuil de tolérance pour d'éventuelles erreurs est plus bas pour une machine que pour un être humain, relevait mardi Gill Pratt, président du Toyota Research Institute.

Les voitures autonomes doivent notamment encore apprendre à mieux prédire les actions d'autres acteurs de la route, comme les cyclistes, ou à identifier les "faux obstacles", même si les technologies s'améliorent. Le groupe français Valeo indique ainsi que les données collectées par son laser scanner Scala, qui scanne l'environnement avant de la voiture, permettent désormais au système de ne plus freiner net par exemple quand c'est juste un oiseau qui vole devant la voiture.

soe/spi

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