La fermeture de Blanquefort "sans fondement économique" selon le CE

Le Comité d'entreprise (CE) de Ford Aquitaine (FAI) qui a examiné lundi et mardi le plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) de l'usine de Blanquefort (Gironde), a considéré que le projet de fermeture du site "n'a pas de fondement économique", a expliqué à l'AFP le secrétaire adjoint (CGT) du CE, Gilles Penel.

"Le CE de FAI considère que le projet de fermeture de la société n'a pas de fondement économique, au regard des profits substantiels réalisés par Ford depuis de nombreuses années (46 milliards de dollars avant impôt entre 2012 et 2017), de sa solidité financière et de sa capacité d'investissement (plus de 10 milliards de dollars de trésorerie nette à fin 2017)", selon l'avis du CE.

Le CE fait également valoir entre autres arguments le "retour aux bénéfices de Ford Europe depuis 2015", et le "coût de la fermeture du site bien plus élevé que les investissements nécessaires pour installer ou maintenir des activités profitables".

"Ce sont autant d'arguments qui permettront d'étayer une action en justice contre Ford le cas échéant, a souligné Gilles Pénel, mais notre priorité reste une reprise par Punch".

"Il reste encore, selon le syndicaliste, un tout petit espoir tant que le PSE n'est pas validé par la Direccte (direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi) et compte tenu du soutien de l'État".

La procédure de PSE s'est achevée mardi. Le plan social doit être ensuite examiné pour validation ou pas par la Dirrecte, "à partir du 21 décembre, et ce dans un délai de 21 jours", a précisé le secrétaire adjoint du CE.

Mais dans l'intervalle, a-t-il poursuivi, les salariés "attendent de Punch des lettres d'intention des constructeurs et des banques qui peuvent consolider l'offre de Punch pour que Ford revienne sur sa décision".

Dans le cas contraire et si la Direccte valide le PSE en l'état, le plan social devrait être lancé "fin janvier", et les lettres de licenciement devraient parvenir aux salariés concernés en septembre. Ceux-ci bénéficieraient alors "d'un congé de reclassement de 15 à 18 mois, selon l'âge, durant lequel ils seraient payés sur une base de 80 % de leur salaire net", a expliqué M. Pénel.

La fermeture de l'usine serait effective "en août 2019", mais une quarantaine de personnes, notamment le personnel administratif, pourraient rester sur place "jusqu'en 2021", selon le syndicaliste.

Ensuite, se poserait la question de la cession du terrain, dont Ford est propriétaire.

Pour la CGT-Ford, "Ford n'en a pas fini avec nous, et non cette usine n'est pas encore liquidée".

"Et si Ford maintient sa logique destructrice, alors il faudra bien que l'Etat agisse de manière autoritaire pour reprendre en main un outil de production qui est déjà en partie public avec tout l'argent public donné à la multinationale en 45 ans", a-t-elle poursuivi, précisant garder "l'espoir de changer la donne, de sauver ainsi l'usine, les 400 emplois directs concernés et les 2.000 emplois induits".

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