La Chine, nouvel eldorado pour GM?

Le marché automobile chinois toujours florissant pourrait permettre à General Motors, le premier constructeur américain, de compenser la baisse de régime rencontrée aux Etats-Unis, selon des experts du secteur.

A l'inverse de son grand rival allemand Volkswagen, les signaux d'essoufflement de la croissance chinoise n'ont pas affecté les immatriculations du groupe américain.

GM a ainsi vendu en Chine 2,38 millions d'automobiles (+8,1% sur un an) sur les huit premiers mois de l'année, avec un record de 293.537 automobiles en août (+18%). Aux Etats-Unis, les ventes étaient de 1,96 million d'unités, soit une baisse de 4,2%, reflet du plafonnement du marché après deux années record.

"Nous nous attendions à une croissance des ventes comprise entre 1 et 5%. C'est plus fort que ça", déclare dans un entretien à l'AFP Matt Tsien, patron du groupe en Chine.

La surprise chinoise a bousculé les diagnostics sombres des analystes, dont Rebecca Lindland chez Kelley Blue Book. "La croissance en Chine pourrait compenser le ralentissement (des ventes de voitures) en Amérique", avance l'experte.

Depuis 2010, GM vend davantage de voitures en Chine qu'aux Etats-Unis, son pré carré. L'an dernier, Pékin a représenté un tiers des ventes mondiales du groupe présent également en Europe, via Opel/Vauxhall, en Amérique du Sud et en Russie.

Le géant de Detroit emploie 58.000 personnes en Chine et y a déployé ses SUV (4X4 de loisirs) et ses marques Chevrolet et Buick. Cette dernière est particulièrement prisée des Chinois car la légende veut que le dirigeant historique Sun Yat-sen en ait conduit une dans les années 1920.

La marque de luxe Cadillac est en outre parvenue à séduire les élites chinoises.

 

Concurrence locale

"La Chine est, et demeure, très rentable pour nous", confie Matt Tsien. Celui-ci estime qu'au total, 30 millions de véhicules seront vendus dans le pays d'ici 2020, contre 25,1 millions en 2015, et ce malgré une croissance économique atone.

Cet optimisme repose, selon lui, sur le fait que la demande a augmenté dans les zones rurales et les villes de taille moyenne, régions où les marques Baojun (citadines) et Wuling (utilitaires), développées avec ses partenaires locaux (SAIC...) dans le cadre de co-entreprises, lui permettent de proposer des véhicules à des prix abordables pour le consommateur chinois moyen.

Le grand groupe automobile mondial dirigé par Mary Barra a annoncé en 2014 un plan d'investissements de 12 milliards de dollars (2014-2017) pour conquérir la Chine. Celui-ci prévoit le lancement de 60 nouveaux et anciens modèles revisités dans les cinq prochaines années et une augmentation de 65% de ses capacités de production dans le pays.

La montée en puissance de constructeurs chinois comme Great Wall, Changan Automobile, BAIC Motor et Dongfeng, menace toutefois ces ambitions parce qu'ils ont petit à petit dissipé, aux yeux des Chinois, les craintes liées à la sécurité et la fiabilité de leurs voitures et profitent de coûts de production et d'une main d'oeuvre bas pour casser les prix.

GM est obligé de s'aligner avec de fortes promotions, ce qui rogne les marges et les profits, avance Rebecca Lindland, renvoyant aux résultats annoncés au deuxième trimestre.

"Il y a des pressions pour tirer les prix vers le bas. C'est une des choses que nous devons surmonter en termes de gestion de coûts", reconnaît Matt Tsien.

A moyen terme, GM mise sur les véhicules "propres" (hybrides, 100% électriques...), ultra subventionnés dont il veut introduire une dizaine de modèles d'ici 2020, et l'autopartage.

Signe de sa détermination, le groupe n'exclut pas de vendre en Chine, selon M. Tsien, son arme anti-Tesla: la Chevrolet Bolt, bourrée de technologies dont la commercialisation est prévue d'ici à la fin d'année.

De nouveaux partenariats dont un avec Didi Chuxing, rivale du service américain de réservation de voiture avec chauffeur Uber, sont également envisagés. "Tous les arrangements sont possibles", avance Matt Tsien.

GM est décidé à ne pas perdre la couronne de premier groupe automobile étranger en Chine arrachée au forceps à Volkswagen en 2015, d'autant que l'Allemand est englué dans le scandale des moteurs diesel truqués qui concerne près de 11 millions de ses voitures vendues dans le monde.

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