La CGT dit non au "démantèlement" de Renault par Geely et Aramco

La CGT s'est alarmée jeudi d'un "démantèlement" de Renault et en a appelé à l'Etat actionnaire, après des informations de presse précisant les possibles contours d'une scission des activités du constructeur automobile entre motorisations thermiques et électriques.

Selon Le Monde, reprenant et complétant des informations de l'agence Reuters, le groupe automobile chinois Geely et le géant pétrolier saoudien Aramco sont sur les rangs pour entrer au capital d'une société, baptisée "Horse", qui inclura les activités de moteurs thermiques et hybrides (essence-électricité) de Renault.

Ce dernier resterait actionnaire "de référence" mais minoritaire de son activité historique.

Il contrôlerait en revanche l'entité, dénommée "Ampère", chapeautant la production de véhicules à propulsion électrique, promise à un fort développement en Europe, les 27 Etats membres de l'UE ayant approuvé fin juin l'interdiction des voitures neuves à moteur thermique en 2035 au nom de la lutte contre le réchauffement climatique.

D'autres constructeurs comme Ford ont entrepris de telles manoeuvres stratégiques, alors que la transition vers l'électrique nécessite de très importants investissements et que la valorisation des groupes automobiles traditionnels fait pâle figure face à celle de nouveaux entrants spécialisés dans les automobiles zéro émission, comme l'américain Tesla.

Geely contrôle déjà le suédois Volvo et son entrée au capital de la filiale sud-coréenne de Renault à hauteur de 34% a été annoncée en mai. De son côté, Aramco profite à plein du choc pétrolier et a réalisé un bénéfice de près de 88 milliards de dollars au premier semestre 2022.

"Cette stratégie est désastreuse, tant sur le plan de la recherche et développement que sur le plan industriel, non seulement pour Renault mais également pour l'ensemble de la filière automobile dans l'hexagone", a mis en garde la CGT jeudi.

Le syndicat "s'oppose au démantèlement de l'entreprise. Le Groupe Renault doit rester une entreprise cohérente qui détient l'ensemble des métiers d'un constructeur automobile qu'elle soit thermique, hybride et électrique", a-t-il plaidé dans un communiqué.

Alors que l'Etat français détient 15% de Renault, la CGT a appelé le gouvernement à "mettre fin à l'abandon de son industrie, et s'opposer fermement à toute perte d'autonomie et d'indépendance du constructeur".

Contactée par l'AFP, la direction Renault n'a pas souhaité s'exprimer jeudi. Le directeur général Luca de Meo avait affirmé en mai que ce dossier de séparation de ses activités thermique et électrique, "afin d'en renforcer l'efficacité et la performance opérationnelle", avançait "très bien".

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