La Bourse de Paris poursuit sa baisse de régime (-0,28%)

La Bourse de Paris a terminé dans le rouge (-0,28%) jeudi pour une cinquième séance d'affilée, le doute persistant quant à l'ampleur de l'assouplissement monétaire à venir de la Fed et les risques géopolitiques et commerciaux refaisant surface.

L'indice CAC 40 a reculé de 15,64 points à 5.551,95 points, dans un volume d'échanges faible de 2,5 milliards d'euros. La veille, il avait fini sans direction (-0,08%).

Le marché a ouvert en hausse, rassuré par les propos du président de la Fed Jerome Powell, mais il n'est pas parvenu à maintenir ses gains et est ensuite passé en territoire négatif.

"Il n'y a rien eu de nouveau, que ce soit dans les minutes de la Fed ou dans l'audition de Jerome Powell, tout ce qui a été dit est ce que l'on savait déjà, à savoir que la Banque centrale américaine est prête à baisser les taux", a souligné auprès de l'AFP Andrea Tuéni, un analyste de Saxo Banque.

Le président de la Réserve fédérale américaine a laissé mercredi la porte ouverte à un prochain abaissement des taux directeurs en dressant un tableau en demi-teinte de l'économie du pays, soumise à des risques persistants.

Mais il "a aussi rappelé que la Fed serait attentive aux publications à venir, du coup la publication des prix à la consommation aux Etats-Unis a été regardée assez attentivement aujourd'hui", a ajouté M. Tuéni.

Les prix à la consommation aux Etats-Unis ont modestement avancé en juin sur un mois mais davantage que ne l'escomptaient les analystes, selon l'indice des prix CPI publié jeudi.

"Cela peut jeter un peu le doute" sur l'action à venir de la Banque centrale américaine, selon M. Tuéni, et la probabilité - anticipée par certains analystes - d'une baisse de taux de 50 points de base fin juillet s'est réduite dans le sillage de ces chiffres.

De leur côté, les gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) ont dégagé lors de leur réunion de juin "un large consensus" sur d'éventuels nouveaux stimuli pour la zone euro, d'après un compte-rendu publié jeudi, confirmant les récents propos tenus par son président, Mario Draghi.

"En parallèle, nous avons aussi des tensions géopolitiques avec ce navire britannique qui a été bloqué dans le détroit d'Ormuz par les Iraniens", et cette "situation géopolitique compliquée calme un petit peu les ardeurs des investisseurs", a complété M. Tuéni.

La taxe que veulent imposer les pays européens aux Gafa invitait aussi les investisseurs à la prudence.

Inspirée d'un projet européen avorté, une taxe "à la française" sur les géants du numérique a été adoptée jeudi au Parlement, sur fond de tensions avec les Etats-Unis qui menacent la France de représailles. Le Trésor britannique a également rendu public jeudi un projet de loi de taxe sur les entreprises du numérique.

Les tensions sino-américaines ont également refait surface puisque Donald Trump a accusé jeudi la Chine, au moment où les discussions pour mettre fin à la guerre commerciale viennent à peine de reprendre, de ne pas acheter des produits agricoles américains comme Pékin s'y était engagé selon lui.

- Equipementiers automobiles en berne -

Du côté des indicateurs, la hausse des prix à la consommation s'est accélérée en juin à 1,2% sur un an en France, après 0,9% en mai, selon l'Insee.

Le taux d'inflation en Allemagne est quant à lui bien remonté en juin à 1,6% sur un an après 1,4% en mai, se rapprochant de l'objectif "proche de 2%" visé par la BCE, selon Destatis.

Parmi les valeurs, les équipementiers automobiles ont accusé le coup. Valeo a perdu 3,29% à 24,66 euros, Faurecia 2,66% à 36,17 euros et Plastic Omnium 2,59% à 20,30 euros.

Carrefour a cédé pour sa part 0,31% à 17,75 euros. Le géant de la distribution vend pour presque 900 millions d'euros d'entrepôts à la foncière spécialisée Argan, a annoncé mercredi celle-ci, une opération historique en France pour ce secteur immobilier en plein développement face à l'essor du commerce en ligne.

ArcelorMittal a reculé de 1,56% à 14,42 euros, pénalisé par l'annonce de la suppression possible de "plus de 2.000" emplois en Afrique du Sud, soit environ un quart de ses effectifs dans le pays, en raison d'une dégradation de ses comptes au premier semestre 2019.

Kaufman & Broad a progressé en revanche de 3,48% à 34,52 euros, malgré des revenus qui ont décliné au deuxième trimestre et la confirmation de sa prévision d'une stagnation sur l'ensemble de l'année avant un probable ralentissement dans les logements.

Natixis a été porté pour sa part (+0,66% à 3,69 euros) par un relèvement de sa recommandation à "acheter" contre "neutre" auparavant par Goldman Sachs.

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