Jim Ratcliffe veut s'offrir l'usine Daimler de Moselle

Fondateur du géant industriel Ineos, attaquant de pointe dans les acquisitions du domaine sportif, Jim Ratcliffe veut prendre le contrôle de l'usine de Daimler dans l'est de la France, une potentielle étoile de plus dans la galaxie de ce milliardaire britannique partisan du Brexit.

L'homme d'affaires de 66 ans a été propulsé sur le devant de la scène en 2018 devenant la première fortune britannique avec un patrimoine estimé à 21 milliards de livres (24,5 milliards d'euros), titre qu'il a depuis perdu pour glisser à la cinquième place, selon la Rich List 2020 du Times.

Entre-temps, il a défrayé la chronique en transférant selon la presse son patrimoine à Monaco. Muet sur le sujet, Jim Ratcliffe ne ménage pas ses efforts pour renforcer son groupe fondé en 1998 et dans lequel il investit massivement bien au-delà de la chimie, son coeur de métier.

Dernière cible en date, l'usine de Hambach dans laquelle est fabriquée l'emblématique Smart et où M. Ratcliffe pourrait construire son futur 4x4, plutôt qu'au Pays de Galles.

Cette volte-face spectaculaire lui a valu des accusations de "trahison" de la part du syndicat britannique Unite.

Après avoir mis la main sur le spécialiste des vêtements de motos Belstaff, l'homme s'est donné l'objectif d'offrir un successeur au célèbre 4x4 Land Rover Defender - avec BMW comme motoriste.

 

Doublé au Tour de France

Avant d'arriver tambour battant dans le dossier Daimler, c'est principalement dans le sport qu'il s'est fait remarquer, un canal qui tranche avec la culture de son groupe non coté en Bourse et dont la discrétion a longtemps été la marque de fabrique.

De l'athlétisme au cyclisme en passant par le football et la voile, le richissime Britannique ne s'interdit rien. Et s'offre des victoires prestigieuses.

En cyclisme, la reprise de l'équipe Sky (rebaptisée Ineos) l'an dernier lui a permis de décrocher les deux premières places à l'arrivée du dernier Tour de France.

En athlétisme, son poulain kényan Eliud Kipchoge, maillot floqué Ineos, a décroché en fin d'année dernière le record du monde (non homologué) du marathon à Vienne, en 1 heure 59 minutes et 40 secondes.

Il s'est également offert le club de football de l'OGC Nice, le FC Lausanne, et a investi 110 millions de livres (123 M EUR au cours actuel) dans Ineos Team UK, une équipe britannique de voile qui a pour objectif de remporter la Coupe de l'America en 2021.

La presse britannique avait rapporté l'an dernier que ce supporter de Manchester United envisageait de racheter le club londonien de Chelsea.

Plus récemment, il a racheté fin juin pour 5 milliards de dollars les activités pétrochimiques de BP.

Rien ne prédestinait pourtant Jim Ratcliffe à devenir milliardaire et à être anobli par la reine, lui qui a grandi dans un logement social dans la banlieue de Manchester (nord de l'Angleterre).

L'ancien étudiant en chimie de l'Université de Birmingham et titulaire d'un MBA de la London Business School a créé Ineos à l'âge de 40 ans. Son groupe, qu'il possède encore à 60% et dont il est PDG, est devenu dans l'ombre un mastodonte industriel, dans un pays dominé par le secteur des services.

 

JR et Dr No

Ineos réalise désormais des ventes annuelles de 60 milliards de dollars (53 milliards d'euros) et emploie 18.000 personnes dans 24 pays. Ses produits servent à fabriquer aussi bien du gel douche que des médicaments.

Son groupe a grandi à coup d'acquisitions, dont celle en 2005 de l'entreprise de pétrochimie Innovene, filiale de BP, pour 9 milliards de dollars. Le milliardaire avait à cette occasion racheté la raffinerie géante de Grangemouth, en Ecosse, où ses rapports avec les syndicats ont été houleux.

Malgré sa réussite, l'homme est longtemps resté mystérieux, certains l'affublant de surnoms comme "JR", le personnage de la série "Dallas", ou "Dr No", le méchant du premier James Bond, selon un portrait publié par le Financial Times en 2014.

L'homme d'affaires s'est toutefois positionné sur le sujet épineux du Brexit, s'affichant comme l'un des rares patrons à soutenir la sortie de l'UE.

"Les Britanniques sont parfaitement capables de s'occuper des Britanniques et n'ont pas besoin que Bruxelles leur dise comment s'y prendre", avait-il assuré au Sunday Times un an avant le référendum de juin 2016.

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