J-D Senard (Michelin) écarté de la Présidence du Medef

Le Conseil exécutif du Medef a refusé lundi de modifier les règles touchant à l'élection de son président, fermant la porte à une candidature du patron de Michelin Jean-Dominique Senard pour succéder à Pierre Gattaz en juillet 2018.

Le Conseil exécutif, réuni au siège parisien du Medef, "a décidé de ne procéder à aucune modification ou interprétation de ses statuts", en particulier sur la limite d'âge pour être candidat, a annoncé le mouvement patronal dans un communiqué.

Selon une source patronale, cette décision a été prise à 30 voix contre 15, soit "une large majorité". "On a voulu avoir une lecture stricte du règlement, pour ne pas donner l'impression de faire des exceptions", a commenté cette source.

Lors de cette réunion, les membres de l'instance dirigeante du Medef ont par ailleurs "validé le calendrier" jusqu'alors prévu, en fixant l'élection du successeur de Pierre Gattaz au 3 juillet 2018.

La date limite pour le dépôt des candidatures, selon le Medef, est fixée au 3 mai. Les candidats seront auditionnés à l'occasion d'un Conseil exécutif exceptionnel le 22 mai. Il donnera son avis sur les candidats le 11 juin.

Un départ anticipé de Pierre Gattaz, tel qu'évoqué ces dernières semaines, est désormais "définitivement écarté", ce qui exclut toute possibilité de candidature de M. Senard, a souligné la source patronale.

 

Les statuts débattus

Le vote du Conseil exécutif avait été proposé par M. Gattaz la semaine dernière afin de mettre un terme aux débats qui agitent depuis plusieurs semaines l'organisation patronale sur les conditions de sa succession.

Les statuts du mouvement, modifiés par M. Gattaz en 2013 peu après son arrivée à la tête du premier syndicat patronal, stipulent que les candidats ne peuvent être âgés de plus de 65 ans le jour de l'élection.

Cette règle empêche Jean-Dominique Senard, jusqu'alors perçu comme le favori pour le poste, de se présenter: le patron du numéro deux mondial du pneumatique fêtera son 65ème anniversaire le 7 mars, soit quatre mois avant la date du scrutin.

Dans un communiqué transmis à l'AFP, M. Senard a dit "prendre acte" de la décision du Medef, rappelant qu'il était lui-même "hostile à une modification ou à une interprétation de dernière minute" des statuts.

"Je confirme donc que je ne serai pas candidat tout en poursuivant avec énergie mon engagement personnel au service des entreprises et de la transformation de notre pays", a ajouté l'industriel.

Lors de la dernière université d'été du Medef début septembre, le président de Michelin avait été ovationné, après un discours aux allures programmatiques où il avait notamment plaidé pour une "refondation du paritarisme de gestion".

 

Les cartes rebattues

La décision du Conseil exécutif était très attendue par les instances dirigeantes et les militants du Medef, qui réclamaient depuis plusieurs mois une "clarification" sur les règles électorales du mouvement patronal, jugées par certains "imprécises".

"On aurait pu trancher ça plus tôt", a confié lundi à l'AFP, sous le couvert de l'anonymat, un membre du Conseil exécutif, qui estime que cette "affaire Senard" a donné l'impression "d'un certain flottement".

La décision du Conseil exécutif rebat par ailleurs les cartes pour la succession de M. Gattaz. "Rien ne dit que Jean-Dominique Senard l'aurait emporté, car il était perçu comme le représentant du CAC 40. Mais c'était quand même le favori", a concédé la source patronale.

Plusieurs chefs d'entreprise ont officialisé ces derniers jours leur candidature à la tête du mouvement patronal, à l'image du patron du Medef Auvergne-Rhône-Alpes Patrick Martin ou de celui du Medef Hauts-de-France, Frédéric Motte.

D'autres candidatures sont régulièrement évoquées, dont celles des vice-présidents de l'organisation, Alexandre Saubot et Geoffroy Roux de Bézieux, qui n'ont toutefois pas confirmé à ce stade qu'ils se présenteraient.

"Pour l'instant, c'est assez ouvert, d'autant que d'autres personnes risquent de sortir du bois", assure à l'AFP le membre du Conseil exécutif du Medef. Qui estime que "le feuilleton de la succession" de Pierre Gattaz "est parti pour durer"

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