Industrie auto : négociations salariales difficiles

Les syndicats des constructeurs automobiles Renault et Stellantis ne signeront pas les accords issus des négociations annuelles obligatoires (NAO), jugeant les hausses de salaires proposées par leurs directions insuffisantes au vu de l'inflation, a appris l'AFP de sources concordantes.

Chez Renault, la CFE-CGC, premier syndicat du groupe, a comparé le résultat de ces négociations à "une douche froide". "Le budget total de 2,6% ne couvre même pas l'inflation de 2,8%", a déploré le syndicat.

La direction a en effet proposé un budget en hausse de 1,9% plus 0,7% sous la forme d'actions distribuées aux salariés mais bloquées pendant cinq ans. L'ensemble des syndicats (CFE-CGC, CGT, CFDT et FO) ont fait savoir qu'ils ne signeraient pas cet accord.

"Il y a quand même l'inflation qui pèse beaucoup sur le portefeuille des familles et le fait que l'année dernière on a eu zéro. Donc les gens se disent +c'est encore une année blanche+", explique le délégué syndical central CGT Jean-François Pibouleau.

"C'est clair qu'il y a une frustration", ajoute Mariette Rih, déléguée syndicale centrale FO. "On est loin du compte au vu de la situation et du quotidien des salariés", insiste-t-elle après une année 2021 marquée par la crise des semi-conducteurs, les restrictions liées au covid et le chômage partiel.

Chez Stellantis, les résultats record du groupe avec un profit de 13,4 milliards d'euros, laissaient entrevoir une meilleure redistribution "au regard des efforts consentis par les salariés", d'après la CFDT.

Comme chez Renault, l'ensemble des syndicats du constructeur (FO, CFE-CGC, CGT, CFTC et CFDT) refusent de signer l'accord. La CFE-CGC a notamment regretté que cadres et agents de maitrise ne bénéficient d'aucune augmentation générale et que 20% d'entre eux n'auront aucune augmentation individuelle.

Seuls les ouvriers pourront bénéficier d'une augmentation générale qui couvre tout juste l'inflation (2,8%) contre 2% pour les techniciens.

"Nous appliquerons les mesures proposées lors de la négociation", soit une enveloppe globale d'augmentation salariale de 3,2%, s'est contenté de répondre la direction.

Lors de la présentation de ses résultats mercredi dernier, Stellantis avait également mis sur la table une prime d'intéressement et de participation de 4.300 euros en moyenne qui n'a pas suffi à calmer les syndicats.

"L'équilibre de la redistribution des richesses n'est pas au rendez-vous", a souligné Franck Don de la CFTC. "On ne peut pas admettre qu'avec des résultats pareils, certains salariés perdent du pouvoir d'achat", a-t-il ajouté.

Certains syndicats comme la CFE-CGC ont demandé à la direction "de revoir les propositions en faisant des efforts supplémentaires exceptionnels à la hauteur de l'attente des salariés".

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