Il "n'est pas sage" d'interdire le diesel pour les constructeurs

Il "n'est pas sage" de vouloir interdire le diesel, a affirmé mercredi à Genève le président de l'Organisation internationale des constructeurs automobiles (OICA), Matthias Wissmann, alors que cette motorisation, considérée comme plus polluante, est de plus en plus contestée.

"L'avantage du diesel est très clair. Par rapport à l'essence, la performance du diesel en matière (d'émissions) de CO2 est réellement meilleure. La plupart des gens, y compris des responsables politiques, ne le savent pas", a déclaré M. Wissman, lors d'une conférence de presse au salon de l'automobile de Genève.

Cette motorisation est critiquée pour ses rejets d'oxydes d'azote (NOx) et de particules fines, qui contribuent à la pollution de l'air des grandes agglomérations.

Mais, selon M. Wissmann, les dernières générations de moteurs diesel apportent des améliorations notables. "Avec la nouvelle génération de diesel, à partir de (la norme européenne) Euro 6, nous pouvons résoudre les problèmes de NOx presque totalement, c'est pourquoi, selon nous, il n'est pas sage d'essayer d'interdire le diesel, ni au niveau d'une ville, ni au niveau d'un pays", a-t-il dit.

"Les interdictions ne sont jamais une bonne solution. Il y a des solutions plus intelligentes pour réduire les NOx", a affirmé le président de l'OICA, qui a été pendant des années le président de l'association des constructeurs automobiles allemands (VDA).

La justice a récemment ouvert la porte en Allemagne à des interdictions visant les vieux moteurs diesel. L'interdiction du diesel est envisagée par plusieurs grandes villes au niveau international, dont Paris.

La crédibilité de cette technologie a été sévèrement entamée par le scandale des moteurs truqués de Volkswagen, révélé en 2015. Depuis, la part de ces motorisations sur le marché des voitures particulières n'a cessé de reculer ce qui inquiète les constructeurs, obligés d'investir des sommes importantes pour adapter leur outil industriel et pour accélérer l'électrification de leurs véhicules.

"Il est certain que l'industrie doit faire ses devoirs et doit apprendre de ses erreurs", a reconnu M. Wissmann, "mais il est clair aussi que sur la prochaine décennie, nous aurons besoin autant de la voiture à essence que de la voiture diesel", a-t-il ajouté.

"Ce qui est clair aussi, c'est que (les constructeurs automobiles) font le maximum pour développer l'électrification des véhicules", a-t-il conclu.

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