Hitachi et Honda créent un nouvel équipementier mondial

Les groupes japonais Hitachi et Honda ont annoncé mercredi leur intention de fusionner leurs activités dans les équipements automobiles pour créer un nouveau poids lourd de ce secteur, bouleversé comme les constructeurs par les nouvelles technologies et les défis environnementaux. Il donnent naissance à Hitachi Automotive Systems.

La fusion de Hitachi Automotive Systems avec Keihin Corporation, Showa Corporation et Nissin Kogyo (sociétés dans le giron de Honda) donnera naissance à une entité de quelque 70.000 salariés et totalisant un chiffre d'affaires annuel de 1.700 milliards de yens (14 milliards d'euros), selon un communiqué.

Le nouvel ensemble, qui reprendra uniquement le nom de Hitachi Automotive Systems, sera détenu à 66,6% par Hitachi et à 33,4% par Honda, est-il précisé.

"A un moment où l'environnement de l'industrie auto et moto est en pleine reconfiguration, ces mesures vont créer un nouveau fournisseur mondial de premier rang", avec des positions de meneur dans les systèmes de motorisation classiques, hybrides et électriques, les suspensions et freins, la direction et les systèmes de sécurité, a déclaré Brice Koch, l'actuel patron de Hitachi Automotive Systems, qui restera à son poste.

Pour réaliser la fusion, Honda va d'abord monter à 100% du capital de Keihin, Showa et Nissin Kogyo, trois sociétés dont il était déjà actionnaire principal mais non majoritaire. Elles ont vu mercredi leurs titres s'envoler de plus de 20% à la Bourse de Tokyo, tandis que l'action Honda a légèrement reculé et celle de Hitachi a stagné.

Honda est aussi un important client de ces trois sociétés, mais pas le seul: elles fournissent également d'autres constructeurs automobiles nippons comme Mitsubishi Motors, Subaru, Suzuki, Mazda, ainsi que d'autres fabricants de deux-roues (Yamaha, Kawasaki, Harley-Davidson).

Nissan, Toyota, Honda, Ford et General Motors comptent par ailleurs parmi les grands clients de Hitachi Automotive Systems, qui est actuellement une filiale à 100% de Hitachi.

 

Grandes manoeuvres dans le secteur

L'industrie automobile mondiale est en plein chambardement, avec la percée des véhicules électriques sur fond de normes environnementales plus exigeantes, les avancées dans les véhicules autonomes et les nouveaux modes de mobilité urbaine, qui font émerger de nouveaux concurrents.

Les investissements colossaux nécessaires pour s'adapter à cette nouvelle donne incitent les grands acteurs du secteur à renforcer leurs alliances existantes ou à en forger de nouvelles.

Dernier exemple en date, les discussions en vue d'un rapprochement entre le français PSA et le constructeur italo-américain Fiat Chrysler, qui avait vainement tenté ce printemps de s'unir avec Renault.

Au Japon, le géant Toyota a aussi récemment renforcé ses partenariats avec d'autres constructeurs nippons, notamment en portant à 20% sa part au capital de Subaru et en prenant 5% de Suzuki.

La concentration du marché devrait aussi s'intensifier parmi les équipementiers automobiles: "Des petits équipementiers pourraient fusionner ensemble, ou être rachetés par des grands constructeurs. Clairement on va voir de telles opérations au Japon et ailleurs dans le monde", prédit Koji Endo, analyste chez SBI Securities.

Hitachi Automotive Systems comptera parmi les premiers équipementiers automobiles japonais, loin toutefois derrière les géants Denso (dont Toyota est le premier actionnaire) et Aisin Seiki.

Un autre équipementier automobile nippon, Calsonic Kansei, s'est par ailleurs marié cette année avec l'italien Magneti Marelli pour créer un nouvel ensemble pesant 15 milliards d'euros de ventes annuelles.

 

Hitachi abaisse ses prévisions

Hitachi Automotive Systems ne représentait que 10% des ventes de sa maison mère sur son dernier exercice annuel 2018/2019, clos au 31 mars dernier.

Hitachi est en effet un conglomérat présent sur de nombreux autres secteurs (services informatiques, électronique, machines industrielles, engins de construction, ferroviaire, énergie...). Il avait aussi réduit la voilure dans ses activités automobiles ces derniers temps, en cédant par exemple Clarion, spécialiste de systèmes de navigation, au français Faurecia.

Au premier semestre 2019/2020, le bénéfice net du groupe a légèrement baissé (-1,9%) à 189,2 milliards de yens (1,56 milliard d'euros), tandis que ses ventes ont reculé de 6% à 4.221,3 milliards de yens, du fait notamment de cessions d'actifs et d'effets de change défavorables, selon des chiffres également publiés mercredi.

Hitachi a en outre abaissé ses prévisions annuelles, tablant dorénavant sur un bénéfice net de 360 milliards de yens (contre une précédente prévision de 435 milliards) et sur un chiffre d'affaires de 8.700 milliards de yens (contre 9.000 milliards auparavant).

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