Heurté par le scandale Takata, Honda échoue à atteindre ses prévisions annuelles

Le troisième constructeur japonais d'automobiles Honda, fortement secoué par les déboires de son fournisseur d'airbags, Takata, a connu un exercice difficile, échouant à atteindre ses prévisions, et n'escompte qu'un timide rebond cette année.

Entre le 1er avril 2014 et le 31 mars 2015, il a dégagé un profit net en recul de 8,9%, à 522,7 milliards de yens (près de 4 milliards d'euros), pour un gain d'exploitation en baisse de 13,1%, à 651 milliards de yens.

Le chiffre d'affaires, dopé par un yen faible, s'est élevé quant à lui à 12.646 milliards (91 milliards d'euros, +6,8%), malgré une stagnation des ventes de voitures en volume (+0,2%, à 3,5 millions d'unités). Les deux-roues ont affiché une meilleure forme (+3,9%, à 10,7 millions).

Autant de résultats inférieurs à ses estimations, qu'il avait pourtant abaissées à deux reprises.

Au rang des points positifs, le groupe cite "une forte croissance des ventes en Asie, des réductions de coûts et des effets de change favorables".

Ces éléments n'ont cependant pas suffi à compenser les difficultés connues au Japon, où l'économie a été frappée de plein fouet par un relèvement de la taxe sur la consommation il y a un an, déplore Honda.

Surtout, le constructeur a souffert, en particulier au deuxième semestre, de l'explosion des charges liées aux rappels pour cause de coussins de sécurité défectueux fabriqués par son compatriote Takata, principalement en Amérique du Nord.

Honda a dû faire revenir à lui seul 13 millions de voitures au garage, sur les plus de 20 millions concernées dans le monde.

De nombreux incidents et au moins cinq accidents mortels, impliquant tous des voitures Honda - quatre aux Etats-Unis et un en Malaisie - ont été imputés pour l'heure à ces airbags.

Un élu américain a pour sa part fait état lundi d'un nouveau bilan de six morts et 105 blessés.

La firme a également dû rappeler, à plusieurs reprises, des citadines hybrides Fit et d'autres modèles pour divers problèmes techniques.

Résultat, sur le quatrième trimestre uniquement (janvier-mars), le bénéfice opérationnel a chuté de 32% et le profit net de 42%.

- Timides prévisions -

Dans ce contexte, le groupe a sabré les salaires de ses hauts dirigeants, une pratique courante au Japon, et poussé vers la sortie son PDG, Takanobu Ito, qui quittera la direction en juin, même si son départ n'est officiellement pas lié à la crise des rappels.

Pour l'année budgétaire en cours (avril 2015-mars 2016), Honda, premier constructeur japonais à dévoiler ses résultats avant Nissan et Toyota, escompte une amélioration de ses comptes, mais de faible ampleur étant donné les dépenses persistantes liées aux airbags.

Le groupe a également évoqué, lors d'une présentation, l'impact négatif de l'affaiblissement des devises au Brésil, Canada, Mexique ou encore en Europe, selon l'agence Bloomberg.

Selon ses prévisions formulées en normes comptables IFRS, que le constructeur va désormais adopter, le bénéfice net est attendu à 525 milliards de yens (+0,4% par rapport au bénéfice 2014-15 recalculé) sur la période, et le profit opérationnel à 685 milliards (+1,3%).

Les recettes devraient pour leur part grimper de 9,5%, à 14.500 milliards de yens (116 milliards d'euros). En volume, Honda espère écouler 3,7 millions de voitures et un peu plus de 11 millions de deux-roues, grâce au dynamisme des marchés américain et asiatique.

anb/agr/vm

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