Herbert Diess remplace M. Müller à la tête de VW

Herbert Diess, qui a pris vendredi les commandes du géant de l'automobile allemand Volkswagen, est connu pour son impitoyable stratégie de réduction des coûts et doit permettre au groupe de se projeter dans l'après-"dieselgate".

Mais l'Autrichien de 59 ans, arrivé en 2015 chez Volkswagen pour diriger la marque éponyme du groupe, soit quelques mois avant l'éclatement de l'affaire des 11 millions de moteurs truqués, a aussi l'avantage d'être passé entre les gouttes du scandale.

Nommé vendredi à la tête du groupe de Wolfsburg, Herbert Diess n'a pas, contrairement à son prédécesseur Matthias Müller, fait toute sa carrière chez Volkswagen: né à Munich et diplômé de technologie automobile, il est brièvement passé par Bosch avant d'entrer en 1996 chez BMW.

En neuf ans, il y a grimpé les échelons: de directeur de site de construction au Royaume-Uni, à responsable de l'achat et de la recherche et du développement, en passant par la direction de la branche des deux-roues. Certains le voyaient même prendre la tête du groupe bavarois.

 

'Impitoyable'

M. Diess a été appelé en 2015 pour redresser la marque Volkswagen, et peut se targuer d'avoir doublé en deux ans la rentabilité de cette division phare, contribuant au bénéfice record dégagé en 2017 par le groupe, pourtant embourbé dans le scandale à tiroirs des moteurs truqués.

Mais son mandat n'a pas laissé que des bons souvenirs aux syndicats, les relations sociales conflictuelles allant même jusqu'à compromettre son maintien dans le groupe.

M. Diess "agit de manière profondément antisociale", avait fustigé le délégué du personnel de VW, Bernd Osterloh, dans une lettre ouverte début 2017.

"Diess se moque de se faire des ennemis," confirme le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, le qualifiant "d'impitoyable" dans ses négociations avec les fournisseurs lorsqu'il supervisait les achats chez BMW.

 

Coudées franches

M. Diess bénéficie en revanche du soutien des actionnaires principaux, les familles héritières Porsche-Piëch, qui lui ont donné les coudées franches en le portant à la fois à la direction de la marque, du groupe Volkswagen et désormais de la recherche-développement, un périmètre rappelant le "super-patron" qu'était Martin Winterkorn avant qu'il ne soit balayé par le scandale.

Plutôt discret dans les médias, Herbert Diess s'est fait remarquer récemment par son calme face aux accusations autour du diesel - de quoi rompre avec le style de M. Müller, qui avait multiplié ses derniers mois les gaffes de communication sur le dossier, comme lorsqu'il avait déclaré que son salaire se justifiait par le risque "permanent" d'être jeté en prison.

Mais malgré les airs de renouveau et la volonté affichée d'accélérer l'électrification en partie lancée par M. Diess, Volkswagen doit encore clarifier sa voie, entre déclin du diesel, pourtant stratégique pour l'industrie automobile allemande, et l'essor des mobilités électriques et autonomes.

Sur les modèles haut-de-gamme électriques en particulier, les constructeurs allemands peinent pour l'instant à rattraper la concurrence, notamment américaine. Et si M. Diess est connu pour son ouverture vers ce nouveau monde, il a aussi martelé début mars: "nous avons besoin du diesel, le diesel a un avenir".

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