Grande-Bretagne : les impacts d'un Brexit sans accord

Flambée des prix alimentaires, des prix des pièces et des voitures, avions cloués au sol, départ de banquiers: le scénario extrême d'un Brexit sans accord est de nouveau évoqué au Royaume-Uni face aux difficiles négociations de sortie de l'UE.

La Première ministre conservatrice Theresa May n'écarte pas cette hypothèse alors que son parti est divisé entre les partisans d'un divorce sans concession et ceux qui veulent un accord à tout prix afin d'épargner l'économie.

Tour d'horizon des conséquences d'une absence d'accord:

 

  • BIENS ALIMENTAIRES : les échanges commerciaux entre le Royaume-Uni et l'UE seraient soumis aux règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) avec une série de droits de douane, particulièrement élevés pour les produits agricoles.
    Selon la fédération des commerçants britanniques (BRC), le prix du fromage pourrait augmenter de plus de 30%. Un morceau de parmesan italien vendu 5 livres au supermarché passerait à 6,50 livres.
    Le coût moyen des biens alimentaires importés de l'UE bondirait de 22%, selon la BRC, alors que le Royaume-Uni importe de l'Europe environ 60% de la nourriture vendue dans le pays, surtout les fruits et les légumes.

 

  • TRANSPORT AERIEN : les compagnies aériennes du Royaume-Uni et de l'UE ne pourraient plus proposer de vols entre les deux territoires. Le premier transporteur européen, l'irlandais Ryanair, brandit cette menace depuis plusieurs mois.
    "Il est en théorie concevable qu'en cas de scénario d'absence d'accord le trafic aérien soit arrêté entre le Royaume-Uni et l'UE le 29 mars 2019", jour effectif du Brexit, a déclaré le ministre des Finances Philip Hammond. "Personne ne peut penser sérieusement que c'est ce qui va arriver", a-t-il toutefois ajouté.

 

  • INDUSTRIE AUTOMOBILE : les règles de l'OMC stipulent que les droits de douanes s'élèveraient à 4,5% sur les pièces détachées des automobiles et à 10% sur les véhicules finis.
    Les constructeurs étrangers présents au Royaume-Uni et qui exportent vers l'UE seraient touchés au premier chef, comme le japonais Nissan dont l'usine de Sunderland emploie 7.000 personnes.
    D'après l'Association britannique des constructeurs et des vendeurs d'automobiles, les droits de douane renchériraient de 1.500 livres le prix moyen d'une voiture importée du continent.

 

  • ELECTRICITE : l'industrie nucléaire serait frappée de plein fouet par la sortie du pays d'Euratom, le régulateur européen du secteur.
    Le pays pourrait avoir du mal à faire venir les matériaux nécessaires à son industrie nucléaire et au fonctionnement de ses réacteurs, au moment même où le pays veut faire construire de nouvelles centrales.
    L'association nucléaire britannique a averti d'un "risque de perturbations importantes", alors que l'atome fournit environ 20% de la production d'électricité du Royaume-Uni.

 

  • FINANCE : les institutions financières implantées au Royaume-Uni perdraient leur "passeport financier" qui leur permet de proposer leurs services sur l'ensemble du continent.
    De nombreux grands noms de la finance ont déjà promis de renforcer leur présence au sein de l'UE, que ce soit à Francfort, Paris, Amsterdam ou Dublin.
    Le lobby TheCityUK a estimé que dans le scénario du pire le Royaume-Uni pourrait perdre entre 65.000 et 75.000 emplois financiers.

 

  • DOUANES : sans accord, le nombre de déclarations douanières dans les ports britanniques s'envolerait à 255 millions par an contre 55 millions actuellement.
    La BRC prévoit que les marchandises restent dans les ports jusqu'à deux à trois jours de plus afin d'accomplir les formalités nécessaires.
    Dans un entretien au Times le mois dernier, M. Hammond prévenait par exemple que le port de Douvres n'était "clairement pas" équipé.

 

  • FRONTIERE IRLANDAISE : des points de contrôle feraient leur retour tout au long des 499 kilomètres de frontière entre l'Irlande du Nord et la République d'Irlande.
    Ce serait autant de complications pour les 30.000 personnes qui la traversent chaque jour, le plus souvent pour travailler, sans compter que cela pourrait raviver les tensions communautaires pour l'heure en sommeil.
© 2017AFP