Faute de trésorerie et de perspectives pour le site, en redressement judiciaire depuis le 2 décembre 2016 pour la troisième fois en huit ans, "la liquidation judiciaire était devenue inéluctable. Elle va permettre la mise en oeuvre des mécanismes de garantie des salaires et ainsi préserver les droits des personnels", a expliqué dans un communiqué le Procureur de la République de Poitiers Michel Garrandaux, après la décision du Tribunal de Commerce.
Pour Michel Garrandaux, l'offre de reprise formulée jeudi soir par le groupe stéphanois GMD, numéro un de l'emboutissage en France, est "perfectible dans son volet social et présente des réserves qui devront être levées".
Mais la poursuite de l'exploitation "ouvre un nouveau et bref délai devant permettre d'examiner les modalités de l'offre déposée par GMD et, le cas échéant, d'ordonner la cession de l'entreprise", ajoute-t-il.
"Trois semaines, ce n'est pas beaucoup mais cela peut être prolongé une nouvelle fois" pour une durée maximum de trois mois, a relevé l'avocat des salariés, Jean-Louis Borie, devant les employés réunis dans l'usine de La Souterraine.
Il a précisé qu'une nouvelle audience se tiendrait le 19 juillet à 10H00 au tribunal de commerce de Poitiers pour examiner l'offre déposée par GMD, seul repreneur déclaré, qui porte seulement sur 120 des 277 emplois de GM&S, deuxième entrepreneur privé de la Creuse.
"Cent vingt emplois, c'est beaucoup trop peu! (...) Une usine de cette taille, avec 120 salariés, ça ne vit pas", a réagi Yann Augras, élu CGT et secrétaire du CE, à La Souterraine, site de GM&S. "Il y a encore des choses à jouer, on va se battre comme des dingues", a-t-il lancé aux salariés, promettant de poursuivre les négociations sociales avec GMD, mais aussi de solliciter d'autres équipementiers pour une éventuelle reprise.
Dossier sensible
L'offre de GMD, qui a attendu la dernière minute jeudi pour la déposer, peut être améliorée jusqu'à deux jours ouvrables avant l'audience du 19 juillet, a insisté Me Borie.
Salariés et syndicats affichent leur détermination à sauver le plus grand nombre d'emplois et à négocier au mieux les indemnités de départ de ceux qui seraient licenciés, 157 si l'offre de GMD n'évolue pas. Ils réclament notamment une prime "supra-légale" s'ajoutant aux indemnités normales de licenciement, qui pourrait, selon eux, être payée par les constructeurs automobiles PSA et Renault, principaux clients de GM&S, accusés par certains salariés d'avoir organisé le déclin du site au fil des ans.
"Ceux qui partiront, il est hors de question qu'ils s'en aillent avec une main devant, une main derrière!", a averti Yann Augras, ironisant sur les promesses de formation faites par le secrétaire d'Etat à l'Economie, Benjamin Griveaux: "On est en Creuse! Les mecs qui ont des diplômes, ils n'ont pas de travail, ils vont dans les grandes villes..."
Symboliquement, une soixantaine de salariés se sont rendus dans l'après-midi à l'agence de Pole Emploi de La Souterraine pour retirer des formulaires d'inscription, a constaté un photographe.
Le dossier GM&S est sensible pour le gouvernement, qui a mis en place une "cellule de crise", conformément aux engagements du président Emmanuel Macron, lequel avait rencontré mi-juin des représentants des salariés à l'occasion d'un déplacement en Haute-Vienne.
"Tourner autour du pot comme ça s'est passé pendant six mois, ça n'a servi à rien. Là, je crois que les négociations ont réellement commencé", a déclaré à l'AFP Patrick Brun, autre élu CGT. "Tout le monde a bien pris l'importance de l'impact aussi bien social que territorial".
Sans attendre la décision du tribunal de commerce, les syndicats avaient annoncé une nouvelle réunion avec le ministère de l'Economie la semaine prochaine.
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