GM&S : PSA et Renault assignés par 118 ex-salariés

Quelque 118 anciens salariés de l'ex-équipementier automobile GM&S ont demandé mardi au tribunal de Guéret de juger PSA et Renault responsables du redressement judiciaire en 2017 de cette usine de La Souterraine (Creuse) et du licenciement de 157 personnes. Selon eux, les deux constructeurs automobiles auraient volontairement asséché le carnet de commandes de leur sous-traitant.

Le dossier GM&S, ponctué par un plan social houleux en 2017, avait marqué les premiers mois de la présidence d'Emmanuel Macron, lorsque des salariés désespérés avaient menacé de faire "sauter" leur usine.

Me Jean-Louis Borie, avocat des salariés, a voulu démontrer qu'une baisse des volumes de commandes entre 2014 et 2016, malgré la signature d'un protocole, s'était accompagnée d'une double production sur d'autres usines.

GM&S étant le fabricant exclusif de certaines pièces, les constructeurs n'auraient pas voulu courir le risque d'un blocage de production et auraient trouvé une alternative, selon lui.

"Peugeot savait parfaitement ce qu'il faisait pour doubler sa production avec un autre industriel pour causer la mort du site, qui était trop source de contestations pour eux", a-t-il dit.

L'avocat de PSA, Me Emmanuel Fleury, a rejeté ces accusations: "Il n'y avait aucun accord sur le volume d'engagement. D'ailleurs, le chiffre d'affaires n'a pas baissé entre 2008 et 2017. Et nous continuons de produire avec LSI", l'entreprise qui a succédé à GM&S en 2018 et dont la situation financière est précaire.

Le représentant de Renault, Me Laurent Assaya, a estimé, chiffres à l'appui, que le constructeur avait respecté ses engagements de commandes.

A titre d'indemnisation pour les salariés, dont certains ont déjà saisi les prud'hommes et obtenu gain de cause, Me Julie-Elena Niels a demandé 80.000 euros pour les licenciés et 20.000 euros pour ceux repris par LSI. "Ce ne sont pas que des dossiers ou des numéros, ce sont des vraies souffrances. Le préjudice est réel et certain", a-t-elle assuré.

Avant l'audience, les ex-GM&S s'étaient réunis devant le tribunal pour un barbecue improvisé. Parmi eux, Pascal, licencié: "On a bossé 30 ans ensemble et ça s'est terminé du jour au lendemain. Je n'ai pas pu retrouver un travail après et aujourd'hui j'ai 61 ans. C'est très compliqué psychologiquement".

La décision a été mise en délibéré au 23 mai.

alv/bpe/sp

© 2023AFP