GM&S: "progrès" et nouveau sursis d'une semaine

Le Tribunal de Commerce de Poitiers a accordé lundi un nouveau sursis, d'une semaine, à l'équipementier automobile creusois en liquidation GM&S Industry et devrait statuer le 31 juillet sur la seule offre de reprise, partielle, qui conserverait 120 des 277 emplois.

Dans ce dossier social épineux -- et médiatisé -- des premiers mois du gouvernement Philippe, le tribunal a indiqué que l'unique repreneur potentiel, le groupe d'emboutissage GMD, avait demandé à la juridiction un "court délai", les administrateurs judiciaires s'associant à cette demande.

"Les conditions suspensives liées à l'offre ne sont pas levées", ont noté les magistrats, mais "des progrès substantiels sont en cours de négociation finale", souligne aussi le tribunal qui a décidé la poursuite de l'activité jusqu'au 31 juillet, date de la prochaine audience.

"Il pourrait alors être statué soit sur l'absence d'offre de reprise si les conditions suspensives ne sont pas levées, soit sur la réalisation d'un plan de cession partielle dans le cadre de l'offre de GMD", a déclaré l'avocat du Comité d'entreprise (CE) de GMS, Jean-Louis Borie, qui a annoncé la décision du tribunal aux salariés sur le site de l'usine de La Souterraine (Creuse).

Dépités, ulcérés qu'on "joue avec leurs nerfs à repousser ainsi de huit jours en huit jours", les salariés, qui avaient plaidé pour une poursuite d'activité jusqu'au 31 août, ont dénoncé "un délai bien trop court pour étudier le dossier" GMD. "On va continuer à se battre et ne rien lâcher parce que pour nous, 120 salariés, ce n'est pas pensable", a déclaré Yann Augras, délégué CGT.

Le repreneur GMD avait indiqué la semaine dernière que son offre était encore soumise à des "conditions suspensives", liées notamment à l'aspect foncier et immobilier -- les bâtiments étant propriété d'une Société civile immobilière -- et aux garanties sur l'investissement dans l'usine. Sur le bail, "la situation pourrait être résolue rapidement", a indiqué à l'AFP le PDG de GMD, Alain Martineau.

Le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, était venu le 19 juillet à "La Soute" assurer le personnel de GM&S de 15 millions d'investissements également répartis entre l'Etat, Renault et PSA, les deux principaux passeurs de commandes à GM&S. Et cinq ans de commandes de PSA et Renault garanties à hauteur de 22 millions par an.

Et, lundi soir, le ministre a appelé les salariés de GM&S à accepter l'offre de reprise de GMD, estimant qu'en fait cette acceptation était "la dernière condition suspensive".

 

Prochaine rencontre repreneur-salariés?

Le repreneur potentiel plaçait aussi comme condition à son offre "l'adhésion des salariés" au projet GMD, une autre affaire... Les salariés considèrent en effet que l'offre peut être améliorée et que 120 emplois, comme les 22 millions de commandes annuelles promis, préfigureraient une "mort à petit feu" du site.

Me Borie a demandé au nom des salariés qu'Alain Martineau, PDG de GMD, "vienne enfin expliquer son projet". Ce devrait être chose faite car le Tribunal de Commerce relève que le dirigeant "se propose d'aller personnellement dans l'entreprise présenter son offre de reprise". Une rencontre sous pression: le tribunal souligne en effet qu'il "veut laisser une dernière chance aux salariés de voir repris 120 d'entre eux s'ils approuvent la proposition de GMD".

Selon Bercy, "Alain Martineau, président du groupe GMD, a annoncé qu'il se rendrait sur place jeudi 27 juillet pour présenter son projet et recueillir l'avis des salariés".

D'ici là, le personnel entend maintenir la pression "à la fois pour ceux qui partent", pour une meilleure indemnisation des licenciés, et "pour ceux qui restent".

Toutefois, indique-t-on de source syndicale, les salariés ont renoncé à un nouveau blocage d'une plate-forme logistique de pièces détachées de Renault à Villeroy (Yonne), qu'ils avaient bloquée pendant quatre jours la semaine dernière.

Ils décideront d'une nouvelle action lors d'une assemblée générale mardi matin (10H00).

A Matignon, où il rencontrait lundi matin le Premier ministre, le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a dit avoir expliqué à Edouard Philippe que "le gouvernement ne tape pas assez fort sur la table" dans le dossier GM&S et que "Peugeot et Renault doivent remettre plus d'activité qu'ils n'en ont mis aujourd'hui".

Il a aussi estimé que "on ne dit pas grand chose" au repreneur GMD qui, selon lui, "profite de la situation pour demander de l'argent public, pour avoir de l'activité, pour refaire l'usine".

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