GM&S : probable prolongation du redressement judiciaire

Le Tribunal de Commerce de Poitiers, qui examinait mardi la situation de l'équipementier automobile GM&S Industry, menacé de liquidation et dont les salariés creusois se battent pour obtenir un sursis en vue d'une reprise, rendra sa décision mercredi, a indiqué mardi l'avocat des salariés qui table sur une "probable" prolongation du redressement judiciaire.

Le tribunal devait se prononcer sur une liquidation judiciaire pure et simple de l'usine de La Souterraine (Creuse) ou une prolongation de la période d'observation en vue d'une reprise du site, deuxième employeur privé (283 salariés) du département, en redressement judiciaire depuis décembre.

"Je n'ai pas d'inquiétude majeure à l'issue de l'audience parce que tout le monde a opiné dans le même sens" en faveur d'une prolongation, a déclaré devant la presse Me Jean-Louis Borie, à la sortie du tribunal. "Les annonces qui ont été faites dans le week-end ont pesé", selon l'avocat.

Dans sa décision attendue mercredi en fin de matinée, le tribunal devrait notamment prendre en compte, selon Me Borie, les engagements annoncés dimanche des deux principaux clients de GM&S, PSA et Renault, d'augmenter leur commandes de 10 à 12 millions d'euros, et de 5 à 10 millions, respectivement.

Des engagements qui, selon le minisre de l'Economie, Bruno Le Maire, devraient permettre d'atteindre un chiffre d'affaires 2017 proche de 25 millions d'euros. Pour les syndicats, cet objectif est insuffisant, sachant que l'équilibre de l'entreprise requiert, selon eux, un carnet de commandes de l'ordre de 35 à 40 millions d'euros annuels.

Concernant la reprise du site creusois, "une lettre d'intention a été reçue d'un éventuel repreneur, d'une surface financière considérable, qui ne vient pas du secteur automobile, mais est prêt à s'associer avec ce secteur", selon Me Borie. "Reste à voir quelle serait l'attitude des constructeurs et surtout le sérieux de son projet", a ajouté l'avocat.

Le groupe stéphanois GMD (Groupe Mécanique Découpage) avait transmis une lettre d'intention pour GM&S. Ce spécialiste de plasturgie, fonderie, emboutissage avait déjà manifesté un intérêt en 2014, lors du précédent redressement judiciaire du site, mais l'Italien Gianpiero Colla, sur le papier plus prometteur en terme d'emplois, lui avait été préféré.

Le nom de l'emboutisseur Magnetto, filiale basée à Aulnay-sous-Bois de l'Italien CLN Group, a aussi été évoqué.

Mercredi, sitôt la décision du tribunal connue, l'intersyndicale (CGT-FO) du site convoquera une assemblée générale des salariés sur le site de La Souterraine: "On décidera ensemble, comme on l'a toujours fait, de la continuité de notre combat. Quelle que soit la forme, on ne lâchera pas. Cette boîte on l'a dans les tripes. Notre boulot on y tient et on va continuer à se battre jusqu'au bout", a déclaré mardi soir le délégué CGT Vincent Labrousse à Poitiers, à l'issue de l'audience.

Dès lundi, Bruno Le Maire avait mis en garde: "Les choses sont très claires et je les ai dites aux syndicats: il faudra faire des efforts en terme de compétitivité de l'entreprise".

"On demande à l'État d'agir en tant qu'actionnaire des constructeurs pour faire bouger le chiffre d'affaires de manière significative. Renault a doublé ses commandes, PSA peut peut-être doubler", a lancé à la sortie du tribunal le délégué CGT.

Autre acteur de ce dossier, le Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, présidé par le socialiste Alain Rousset, a débloqué depuis mars deux enveloppes de 580.000 euros pour soutenir le site, une aide qui ne permettrait de tenir que jusque fin juin. Or, sa décision de ne pas verser de subvention supplémentaire en cas de liquidation "a également eu du poids", d'après Me Borie.

Une semaine après une manifestation nationale qui avait rassemblé 2.000 à 3.000 personnes à La Souterraine, environ 400 manifestants, dont 250 salariés venus en bus de l'usine de La Souterraine et des militants CGT de la région, se sont réunis devant le Palais de Justice, à quelques encâblures du Tribunal de Commerce.

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