GM&S: le tribunal statuera le 31 juillet

Le Tribunal de Commerce de Poitiers a accordé lundi un nouveau délai, d'une semaine, à l'équipementier automobile creusois en liquidation judiciaire GM&S Industry et statuera sur une offre de reprise partielle le 31 juillet à partir de 15 heures.

Le repreneur potentiel, l'emboutisseur stéphanois GMD, a transmis au tribunal une note en délibéré demandant un "court délai" que la juridiction lui a accordé, a indiqué le tribunal dans sa décision.

Les magistrats notent qu'à ce jour "les conditions suspensives liées à l'offre ne sont pas levées", mais "des progrès substantiels sont en cours de négociation finale".

Dans le même temps, l'avocat du Comité d'entreprise (CE) de GM&S, Jean-Louis Borie, a annoncé la décision au personnel sur le site de La Souterraine, expliquant qu'à l'audience du 31 juillet, il pourrait être statué "soit sur l'absence d'offre de reprise si les conditions suspensives ne sont pas réunies, soit sur la réalisation d'un plan de cession partielle dans le cadre de l'offre de GMD".

"Jusqu'au bout, ils nous auront fait attendre", a déclaré l'avocat, demandant que d'ici au 31 juillet, Alain Martineau, PDG de GMD, "vienne enfin [leur] expliquer son projet".

Le Tribunal de Commerce de Poitiers relève d'ailleurs que le dirigeant de GMD "se propose d'aller personnellement dans l'entreprise présenter son offre de reprise partielle aux salariés".

GM&S, deuxième employeur privé de Creuse avec 277 emplois, est en liquidation judiciaire depuis le 30 juin après six mois passé en redressement judiciaire. Il est suspendu à la décision du Tribunal de Commerce de Poitiers sur la seule offre sur la table, celle de GMD, qui ne porte à ce jour que sur le maintien de 120 emplois.

Les salariés espèrent améliorer cette offre sur le plan de l'emploi et de l'indemnisation des futurs lienciés au travers de négociations avec l'Etat, les constructeurs automobiles Renault et PSA (principaux passeurs de commandes de GM&S) et GMD.

 

8 mois interminables

Manifestations, blocages et négociations se succèdent depuis fin 2016 pour la survie de l'équipementier automobile GM&S alors que le tribunal de commerce de Poitiers a décidé lundi de repousser d'une semaine sa décision sur l'avenir du site. GM&S, dont les deux principaux clients sont les constructeurs français Renault et PSA, est le deuxième employeur privé de la Creuse avec 277 salariés.

  • Redressement judiciaire : spécialisée dans l'emboutissage, l'assemblage et la tôlerie, l'entreprise GM&S Industry (ex-Altia), située sur la commune de La Souterraine (Creuse), est placée en redressement judiciaire le 2 décembre 2016.
  • Mobilisations : le 6 janvier 2017, François Hollande est accueilli lors d'un déplacement à Brive par 200 salariés. Le 23 janvier, une cinquantaine d'entre eux bloquent l'autoroute A20 et, deux jours plus tard, les accès à des sites de Renault et de PSA dans l'Yonne et dans l'Allier.
  • Sursis : le tribunal de commerce de Poitiers décide le 1er février de prolonger la période d'observation pour l'entreprise en redressement jusqu'au 23 mai. Le Premier ministre Bernard Cazeneuve promet que son gouvernement mettra "tout en oeuvre" pour redonner une "perspective industrielle" à GM&S.
  • Blocage : après s'être invités à Paris, sur les Champs-Élysées, 150 salariés de GM&S bloquent l'accès de l'usine PSA de Poissy (Yvelines) le 19 avril, pour réclamer davantage de commandes.
  • Négociations : réunion au ministère de l'Économie, le 27 avril, en présence des représentants syndicaux et des représentants des constructeurs Renault et PSA. Des discussions s'enchaînent les jours suivants.
  • Échec : le 10 mai, les représentants syndicaux annoncent "l'échec des négociations". Dès le lendemain, des salariés commencent à détruire du matériel: ils découpent en deux une presse et écrasent une machine-outil. Selon la CGT, l'usine a été "piégée" à l'aide de bonbonnes de gaz et de bidons d'essence.
  • Efforts de Bercy : le nouveau ministre de l'Économie Bruno Le Maire s'engage le 19 mai à déployer "tous les efforts nécessaires pour garantir l'accroissement des commandes" des constructeurs clients de GM&S.
  • Nouveau répit : le tribunal de commerce de Poitiers prolonge jusqu'au 30 juin la période d'observation de l'entreprise, le temps d'examiner les options de reprise. Les salariés annoncent le 24 mai le "déminage" du site. Dialogue musclé le 9 juin entre Emmanuel Macron et les salariés à la sous-préfecture de Bellac (Haute-Vienne). Le président promet de faire "le maximum" avec la mise en place d'une "cellule de crise" pour travailler aux conditions de la reprise.
  • Offre de reprise partielle : les salariés relancent le blocage et l'occupation de leur usine le 13 juin. Le leader français de l'emboutissage GMD dépose le 29 juin une offre de reprise partielle, soumise à des conditions suspensives, avec la promesse de conserver 120 des 277 emplois. Renault et PSA s'engagent par des financements et commandes supplémentaires à soutenir cette offre.
  • Liquidation judiciaire : le tribunal de commerce de Poitiers place le 30 juin GM&S en liquidation judiciaire avec prolongation de l'activité jusqu'au 21 juillet dans l'espoir d'une amélioration de l'offre de GMD.
  • Blocage : les 5 et 6 juillet, des salariés de GM&S bloquent le site de PSA à Sept-Fons dans l'Allier pour réclamer des mesures pour "limiter la casse sociale".
  • Pression : des "avancées" lors d'une réunion à Bercy le 11 juillet avec les acteurs du dossier ne suffisent pas à faire retomber la pression: les salariés bloquent l'usine Renault de Villeroy dans l'Yonne du 19 au 21 juillet tandis que Bruno Le Maire en déplacement à La Souterraine assure que l'activité de ce site serait garantie pour "cinq ans".
  • Nouveau sursis : le 24 juillet, les salariés maintiennent la pression, annonçant un nouveau blocage du site de Renault dans l'Yonne tandis que le tribunal de commerce de Poitiers accorde un nouveau délai: il statuera le 31 juillet sur l'offre de reprise par GMD.

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