GM&S: décision lundi, Le Maire optimiste, Renault bloqué

Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a assuré mercredi que l'équipementier automobile GM&S serait préservé pour "les cinq ans qui viennent", avec la garantie qu'aucun des 277 salariés ne serait "laissé de côté", alors que le tribunal de commerce de Poitiers se prononcera lundi sur l'unique offre de reprise

"Nous avons l'assurance d'avoir des commandes de PSA et Renault" à hauteur de 22 millions d'euros annuels pendant cinq ans, a dit le ministre, qui s'est rendu dans l'après-midi sur le site de l'usine GM&S à La Souterraine (Creuse), en ajoutant à ce chiffre la "garantie de 15 millions d'euros pour des investissements sur des machines nouvelles".

Concernant ces investissements, le ministre a notamment assuré que PSA contribuerait bien à hauteur de cinq millions, une contribution équivalente à celles de l'État et de Renault. "Je me félicite que Carlos Tavares (ndlr: PDG de Peugeot PSA) ait finalement décidé hier (mardi) soir de contribuer également", a ajouté le ministre devant des journalistes.

"Nous ne vous laisserons pas tomber" et "nous avons une solution pour le site de La Souterraine", a-t-il assuré lors d'un échange tendu avec plusieurs dizaines de salariés restés sur le site creusois, alors qu'une centaine de leurs collègues bloquaient toujours une plateforme logistique de pièces détachées de Renault à Villeroy, dans l'Yonne.

Dans la soirée, ces mêmes salariés ont décidé lors d'une assemblée générale organisée par la CGT à Villeroy de poursuivre le blocage "jusqu'à nouvel ordre et au moins jusqu'en fin de semaine". "Nous voulons maintenir la pression pour avancer sur la sauvegarde de l'emploi et l'indemnisation des salariés" qui seront licenciés, a déclaré à l'AFP un délégué CGT, Yann Augras.

"22 millions d'euros de commandes pour 120 salariés, c'est largement insuffisant pour la pérennité du site", avait-il déploré peu avant cette AG. "Finalement, il n'y a rien de sûr encore. On ne sait toujours pas si M. Alain Martineau (ndlr: PDG du numéro un français de l'emboutissage, GMD, l'unique repreneur potentiel) va reprendre le site, il y a encore deux clauses suspensives qui ne sont pas remplies", a-t-il constaté, dénonçant "un coup de com'" du ministre.

 

Des 'conditions suspensives'

Pour ceux des salariés qui seraient licenciés, le ministre a promis une prime de formation qui "passera de 2.500 euros à 5.000 euros, le double de ce qui est accordé" généralement. Et "des aides à la mobilité vont être données", ainsi que "2.000 euros pour la création d'entreprise", a-t-il ajouté.

Mercredi matin, le tribunal de commerce de Poitiers a examiné pendant plus de deux heures l'offre de GMD, dont l'usine est à Saint-Etienne (Loire), seul candidat à la reprise de GM&S. Son offre prévoit le maintien de 120 salariés sur 277.

La décision a été mise en délibéré à lundi, 18H00. D'ici là, les parties prenantes au dossier auront jusqu'à 14H00, le même jour, pour fournir au tribunal leurs "notes en délibéré", soit les éléments complémentaires pour une décision du tribunal, a précisé à l'AFP l'avocat des salariés, Me Jean-Louis Borie.

"Si le repreneur GMD lève ses conditions suspensives, le tribunal fixera une autre audience pour l'examen de l'offre. Si les conditions suspensives ne sont pas levées, on s'achemine vers une liquidation", a résumé à l'AFP l'avocat, qui a plaidé la poursuite d'activité de l'équipementier creusois jusqu'à fin août.

Présent au tribunal, le patron de GMD n'a pas fait de commentaires à l'issue de l'audience. Mardi, il avait indiqué à l'AFP que "l'ensemble des conditions suspensives" n'étaient pas levées et que son offre ne serait pas finalisée sans une prolongation de la période d'observation. Autres conditions posées par GMD: l'une porte sur le bail du bâtiment industriel, l'autre concerne "l'adhésion des salariés" à son projet.

"C'est sur le fil et tout va se débloquer, ou pas, pendant le week-end", a commenté Me Borie: "La balle est dans le camp des pouvoirs publics pour les financements et pour la question du bail."

Sauf coup de théâtre, le Tribunal de Commerce de Poitiers devrait donc trancher lundi entre une nouvelle prolongation, jusqu'au 31 août, ou une liquidation pure et simple de GM&S, placée en redressement judiciaire en décembre, puis en liquidation judiciaire depuis le 30 juin avec une période d'observation jusqu'à lundi.

juc-jb-rhl/pfe/

© 2017AFP