GM&S bloqué, PSA fait décoller un hélicoptère

Le groupe automobile PSA a annoncé mercredi qu'il avait recours à un hélicoptère pour faire sortir sa production du site industriel de Sept-Fons (Allier), bloqué par les salariés de l'équipementier en liquidation GM&S.

Arrivés dans deux autocars depuis La Souterraine (Creuse), une centaine de salariés ont bloqué dès l'aube les accès du site de Sept-Fons (Allier), qui fabrique des blocs de moteurs diesel et des disques de freins. Des pneus et des palettes ont été déposés devant les entrées, sous la surveillance d'une vingtaine de gendarmes.

Après la vaine tentative de sortie d'un camion dans la matinée, empêchée par des salariés couchés en travers de la chaussée, les grilles de l'entreprise ont été fermées. Dans l'après-midi, deux hélicoptères se sont posés dans l'enceinte de l'usine pour charger des pièces, a constaté un photographe de l'AFP.  "Du fait de l'absence d'action de déblocage résultant de l'inaction des pouvoirs publics, nous sommes dans l'obligation d'engager des moyens exceptionnels et coûteux pour alimenter nos sites de production en France", a déclaré un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Plus tôt mercredi, le directeur des achats de l'entreprise, Yannick Bézard, avait affirmé que l'usine de Sept-Fons (560 employés) était "essentielle dans le dispositif industriel de PSA", fabriquant notamment des blocs moteur diesel et des disques de frein. Il avait aussi expliqué que le blocage pourrait avoir des répercussions très rapides sur la production automobile du groupe qui travaille en flux tendu.

PSA avait déjà eu recours à un hélicoptère pour des livraisons à son site de Poissy (Yvelines) le 19 avril, là encore lorsque des salariés de GM&S avaient bloqué l'accès routier de l'usine pour faire pression sur la direction de l'entreprise.

 

une "agression"

Interpellé au même moment lors des séances de questions à l'Assemblée nationale, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a appelé les salariés à lever "immédiatement et sans délai" le blocage. "Oui, tous les salariés ne seront pas gardés à La Souterraine, mais chaque salarié sera accompagné" pour retrouver un emploi, a affirmé M. Le Maire.

GM&S Industry, deuxième employé privé de la Creuse, a été placé le 30 juin en liquidation judiciaire, avec seulement trois semaines pour améliorer la seule offre de reprise déposée. Cette offre faite par l'emboutisseur stéphanois GMD, qui sauverait 120 emplois sur 277, sera examinée le 19 juillet par le tribunal de commerce de Poitiers.

Face au blocage de son usine, PSA a immédiatement dénoncé une "agression" de nature "à bloquer des discussions toujours en cours". Le constructeur a menacé de revoir son soutien à GM&S dans le projet de reprise par GMD. "C'est la main tendue qui se retrouve agressée", s'est plaint le directeur des achats de PSA Yannick Bézard.

A l'issue d'âpres négociations avec le gouvernement, les deux constructeurs PSA et Renault, principaux clients de GM&S, ont accepté d'augmenter leur carnet de commandes à 22 millions d'euros par an et à financer la modernisation de l'équipementier pour une dizaine de millions.

 

"Pas de gaîté de coeur"

"Ce n'est pas de gaîté de coeur ou pour agresser qui que ce soit, nous préférerions être à nos postes de travail", ont répondu dans un communiqué les représentants de la CGT. "Nous ne sommes ni des voyous, ni des casseurs", ont-il ajouté, assurant vouloir avant tout "limiter la casse sociale et industrielle".

Depuis plusieurs semaines, salariés et syndicats se battent pour sauver le plus grand nombre d'emplois possible et négocier au mieux les indemnités de départ de ceux qui seraient licenciés si l'offre de GMD n'évolue pas. Ils exigent notamment une prime "supra-légale" s'ajoutant aux indemnités normales de licenciement, qui pourrait, selon eux, être payée par PSA et Renault.

"Nous maintenons que PSA n'est pas un client comme les autres, mais un donneur d'ordre. De fait, il n'est pas étranger à la situation que vit notre usine et aux conséquences dramatiques qu'elle aura sur l'avenir d'une part d'entre nous", a réagi Jean-Marc Ducourtioux, élu CGT, présent à Sept-Fons et joint par téléphone par l'AFP.

"Nous allons continuer de bloquer le site dans une ambiance respectueuse et sereine, mais avec la ferme intention de ne pas bouger tant que nous n'aurons pas eu d'avancées", ajoute la CGT. Les salariés pourraient poursuivre le blocage jusqu'à vendredi.

"On pense qu'aujourd'hui la priorité n'est pas de bloquer, mais surtout de discuter avec le repreneur et les constructeurs", a expliqué de son côté, David Gunther, délégué FO, syndicat minoritaire chez GM&S.

De leur côté, les délégués FO de l'usine PSA de Sept-Fons ont demandé dans un communiqué la fin du blocage et lancé un appel "à l'intelligence syndicale pour mettre fin au jusqu'au boutisme inutile et dangereux pour l'avenir des salariés de GM&S".

L'avenir de GM&S est un des premiers dossiers sociaux sensibles pour le gouvernement qui a mis en place une "cellule de crise" conformément aux engagements du président Emmanuel Macron auprès des salariés.

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