GM&S: Bercy fait monter la pression sur PSA, qui réplique

A deux jours de l'examen du projet de reprise de l'équipementier creusois GM&S, la pression est montée d'un cran entre l'Etat et PSA, le gouvernement accusant le constructeur automobile de ne pas être prêt à investir pour sauver le site, ce que PSA dément.

Alors que l'emboutisseur GMD, unique repreneur potentiel, estime indispensable un investissement de 15 millions d'euros pour moderniser le site, PSA "a confirmé ce jour (lundi) au ministère de l'Economie et des Finances qu'il ne souhaitait pas participer à ce financement", a affirmé lundi Bercy dans un communiqué.

L'Etat et le constructeur Renault s'étant eux engagés à apporter chacun 5 millions d'euros, "il manque donc cinq millions d'euros pour faire aboutir la reprise" de GM&S, ajoute le ministère.

"Incompréhensible et injuste", a rétorqué à l'AFP un porte-parole de PSA, rappelant que le groupe s'était engagé durant les discussions à contribuer à hauteur de 4 millions d'euros à la modernisation du site, pour lui permettre de s'équiper. Un engagement "confirmé", a ajouté le porte-parole du constructeur des marques Peugeot et Citroën.

Cet investissement permettra à GM&S de "générer un chiffre d'affaires de 36 millions d'euros sur la période 2018-2020", a précisé PSA dans un communiqué, qui "regrette" les "informations erronées" diffusées par Bercy.

Ces 4 millions promis ne correspondent pas au financement de la modernisation du site mais à la bonne exécution des commandes, rétorque-t-on à Bercy.

 

'suffisant'

PSA assure toutefois que GMD a jugé cet engagement "suffisant pour conforter l'exploitation du site et qu'il n'a pas d'autre attente à l'égard de PSA", écrit le constructeur dans son communiqué, évoquant un courrier que lui a adressé GMD, et que l'AFP a pu consulter.

Cette nouvelle tension dans ce dossier intervient alors que la CGT Metallurgie a appelé toute la filière automobile à une heure de grève mardi pour soutenir les 277 salariés de GM&S et dénoncer la "désindustrialisation sans précédent" de la filière automobile française.

L'équipementier, basé à La Souterraine (Creuse) et deuxième employeur privé du département, a été placé en liquidation judiciaire le 30 juin.

Face à la mobilisation croissante des salariés ces derniers mois -- qui ont notamment bloqué un site PSA dans l'Allier pendant deux jours -- le gouvernement s'est impliqué dans le dossier, menant des discussions entre les différents acteurs.

Le président Emmanuel Macron avait aussi rencontré les salariés le 9 juin au cours d'un déplacement en Haute-Vienne.

La dernière réunion s'est tenue mardi 11 juillet à Bercy. Pour faire avancer le projet de reprise, les deux principaux clients de GM&S, Renault et PSA, se sont finalement engagés à commander 22 millions d'euros par an au site (12 millions pour PSA et 10 millions pour Renault) pendant 5 ans.

 

'effrayer les salariés'

Depuis la dernière réunion, "la plupart des progrès attendus ont été obtenus", notamment les précisions demandées à Renault sur le détail de ses engagements de commandes, a noté Bercy.

Avec ces commandes, "nous resterons le premier client de GM&S", a défendu le porte-parole de PSA, ajoutant que son groupe n'irait "pas au delà" de son engagement à investir 4 millions d'euros.

"On essaye d'effrayer les salariés, on joue avec leurs nerfs", a réagi lundi à l'AFP Me Jean-Louis Borie, avocat des salariés, dénonçant "une stratégie" pour "mieux faire accepter tous les reniements en bout de course, comme par exemple le fait que l'offre n'a pas été améliorée en terme d'emplois repris".

GMD propose de reprendre 120 salariés sur les 277 que compte le site, un engagement jugé insuffisant par la CGT de GM&S, malgré les promesses d'accompagnement des salariés licenciés faites par l'Etat et la région Nouvelle-Aquitaine.

"D'un côté PSA met les commandes sur la table, et de l'autre il fait tout pour faire capoter la reprise par GMD à 48h du tribunal", a réagi Vincent Labrousse, délégué CGT du site, estimant que PSA veut "tuer (GM&S) à petit feu".

L'offre de reprise de GMD doit être examinée le 19 juillet par le Tribunal de Commerce de Poitiers, qui doit annoncer sa décision le 21.

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