GM: le Brexit menace le retour à l'équilibre en Europe

General Motors a averti mardi envisager de nouvelles économies en Europe, dont une réduction de ses capacités pour limiter l'impact du Brexit, ce qui devrait l'empêcher de mettre fin à seize années de pertes sur le Vieux Continent cette année.

La sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne (Brexit), votée par référendum le 23 juin, met en péril l'objectif du groupe automobile américain de revenir à l'équilibre en Europe dès 2016 car elle a entraîné une chute de la livre sterling, a expliqué le directeur financier Chuck Stevens.

"Revenir à l'équilibre cette année va être très très difficile", a déclaré le dirigeant lors d'une conférence téléphonique avec des journalistes.

Le Royaume-Uni est le plus gros débouché des modèles Insignia et Corsa, commercialisés par Opel, la filiale européenne de GM.

Pour essayer de limiter la casse, le propriétaire des marques Chevrolet et Cadillac a augmenté ses prix de 2,5% au 1er octobre mais doute fort, selon Chuck Stevens, que cela suffise à contenir le manque à gagner dû à la dépréciation de la livre.

Il n'exclut ainsi pas des mesures plus draconiennes pour faire des économies, au premier rang desquelles des réductions supplémentaires de ses capacités.

"Nous nous préparons à prendre toute décision nécessaire pour remettre l'Europe sur la bonne voie", assure Chuck Stevens, se refusant toutefois à dire si des suppressions d'emplois sont à l'ordre du jour.

- Chômage technique -

Depuis le Brexit, le géant de Detroit a réduit sa production sur deux sites en Angleterre et mis au chômage technique des salariés allemands des usines de Rüsselsheim (ouest) et Eisenach (centre), qui emploient respectivement 3.000 et 1.850 personnes.

Ford, concurrent et compatriote de GM a aussi réduit sa production en Europe, en l'occurrence sur le site gallois de Bridgend (1.850 salariés) dont la fabrication des moteurs a été diminué de moitié. La marque à l'Ovale bleu y a aussi abaissé ses investissements, les faisant passer de 181 millions de livres (221 millions de dollars) à 100 millions (122 millions de dollars).

Lors du trimestre passé, GM est retombé dans le rouge en Europe, essuyant une perte de 100 millions de dollars alors qu'il avait dégagé un bénéfice équivalent au deuxième trimestre.

Le constructeur automobile avait indiqué en juillet que l'impact du Brexit sur ses résultats serait de l'ordre de 400 millions de dollars au second semestre mais que ceci n'était pas de nature à remettre en cause son objectif annuel.

Le groupe américain, qui produit et vend en Grande-Bretagne les modèles Opel sous la marque Vauxhall avec des usines d'assemblage à Ellesmere (nord) et à Luton (nord de Londres), s'interrogeait sur un éventuel retour des droits de douane et le devenir des accords de libre-échange qui lui permettent d'exporter librement les produits fabriqués sur ses sites britanniques vers l'ensemble de l'UE et inversement.

Selon le cabinet IHS Automotive, les constructeurs automobiles présents en Europe devraient vendre 2,8 millions de véhicules en moins d'ici 2018, en raison du Brexit. Le marché britannique qui devait croître de 3,2% en 2016 ne devrait plus progresser que de 1%, selon IHS.

Les ventes européennes de GM ont diminué de 2% au troisième trimestre, à 282.951 unités, mais sont en hausse de 2,4% à 922.996 unités depuis janvier.

Si l'Europe est un casse-tête, GM continue de profiter de la forte demande pour les SUV (4X4 de loisirs) et les camionnettes à plateau aux fortes marges aux Etats-Unis et de l'appétit des consommateurs chinois pour ses modèles produits sous la marque Buick.

Son bénéfice net a ainsi plus que doublé au troisième trimestre, à 2,77 milliards de dollars pour un chiffre d'affaires de 42,8 milliards (+10,3% sur un an).

La marge opérationnelle en Amérique du nord s'élève à 11,2%, un niveau rare dans la production de voitures en série. Seule ombre dans cette région: le troisième groupe automobile mondial a tempéré pour la première fois son optimisme, évoquant un marché automobile certes "solide" aux Etats-Unis mais ayant atteint un "plafond".

A "l'international", qui comprend la Chine, le bénéfice d'exploitation est resté stable à 300 millions de dollars.

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