GKN finalement racheté par Melrose

La société d'investissement Melrose a remporté la bataille pour acquérir l'équipementier industriel britannique GKN après avoir convaincu une majorité des actionnaires d'accepter son offre de rachat hostile d'un montant de 8,1 milliards de livres (9,2 milliards d'euros).

Melrose a annoncé jeudi dans un communiqué la fin d'un feuillon qui tenait en haleine le marché londonien depuis le début de l'année, tant les directions des deux groupes se sont livrées une bataille acharnée, sans compter les interrogations au sein du monde politique britannique.

La société d'investissement britannique a convaincu 52,43% des actionnaires de GKN, malgré l'opposition des dirigeants de sa cible qui avait rejeté l'offre, jugeant qu'elle sous-évaluait l'équipementier.

Melrose, qui devait obtenir 50% plus une action, annonce que son offre, qu'il avait améliorée il y a quinze jours, a réussi et invite les actionnaires qui ne l'ont pas acceptée à donner leur feu vert le plus vite possible.

L'offre, à la fois en numéraire et actions du nouveau groupe que Melrose veut constituer, valorise chaque titre GKN à 467 pence. L'action de l'équipementier a d'ailleurs clôturé sur un bond de 9,46% à 463 pence jeudi à la Bourse de Londres, le titre étant inférieur à celui de l'offre dernièrement, signe que les investisseurs doutaient du succès de Melrose.

"Nous sommes ravis et reconnaissants d'avoir reçu le soutien des actionnaires de GKN pour notre projet de créer une entreprise industrielle avec une capitalisation boursière de plus de 10 milliards de livres à l'avenir radieux", se réjouit Christopher Miller, président du conseil d'administration de Melrose, cité dans le communiqué.

"Je vous assure que GKN est entre de très bonnes mains", a-t-il ajouté, adressant un message à ceux qui ont pu manifester leurs inquiétudes sur les intentions de Melrose, connue pour investir dans des sociétés avant de les revendre au bout de quelques années une fois restructurées.

Il s'agit d'un revers majeur pour les dirigeants de GKN qui voient leur entreprise vieille de 259 ans perdre son indépendance.

Dans un communiqué séparé, le conseil d'administration de GKN s'incline et recommande aux actionnaires de se préparer à apporter leurs titres. Il fait part également de son intention de travailler avec Melrose pour garantir le succès de la nouvelle entité.

Les deux groupes s'étaient livrés à un bras de fer soutenu ces dernières semaines, à coup d'invectives, d'offensives de communication et d'annonces cherchant à faire pencher la balance en leur faveur.

 

Le gouvernement britannique vigilant

Pour contrer l'offre, GKN avait en particulier trouvé un accord pour vendre son activité automobile à l'équipementier américain Dana pour 6,1 milliards de dollars et se concentrer exclusivement sur l'aéronautique, un projet qui semble désormais compromis.

GKN était toutefois dans une mauvaise passe financière, ce qui l'avait poussé à lancer récemment une réorganisation après avoir émis en octobre dernier un avertissement sur résultat, en raison de litiges en cours et des difficultés de sa branche aéronautique aux Etats-Unis.

Le rachat avait pris en outre une dimension politique car GKN est aussi fournisseur du ministère britannique de la Défense, ce qui a poussé le ministre britannique des Entreprises Greg Clark à exiger, en début de semaine, des assurances auprès de Melrose.

Ce dernier a répondu en promettant, pour une durée de cinq ans, de ne pas céder la branche aéronautique, de maintenir le siège au Royaume-Uni et la cotation à Londres et de garantir les dépenses en recherche et développement.

Se présentant comme un "groupe d'ingénierie", GKN est actif notamment dans la fabrication de pièces détachées pour les industries automobile et aéronautique, fournissant des constructeurs comme Volkswagen et Fiat Chrysler, ou encore les avionneurs Airbus et Boeing.

Il avait prospéré grâce à la fabrication de munitions avant les guerres napoléoniennes et à l'expansion des chemins de fer au début du 19e siècle.

Présent dans 30 pays, il emploie 58.000 personnes dans le monde, dont 35.000 dans sa branche automobile.

Melrose se qualifie de son côté de société d'investissement spécialisée dans l'achat "d'entreprises manufacturières qui ne réalisent pas leur plein potentiel", afin d'"améliorer" leur performance et de les revendre ensuite à profit.

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