Genève: les breaks et monospaces résistent !

Les SUV, "crossovers" et autres 4x4 urbains ont conquis les coeurs des familles européennes, mais certaines marques persistent à proposer des breaks et des monospaces, à en juger par les nouveautés présentées à Genève.

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Les travées du 86e salon de l'automobile, qui a ouvert ses portes mardi aux médias, fourmillent de nouvelles autos hautes sur roues mais sans prétentions tout-terrain, segment qui représente désormais près d'un quart du marché européen.

VW, premier groupe du continent, a présenté une série de crossovers: le Seat Ateca, l'Audi Q2, le prototype Skoda VisionS et un petit T-Cross sous sa marque Volkswagen.

Toyota, numéro un mondial, a sorti la version définitive du petit crossover C-HR, et Maserati (groupe Fiat Chrysler) révélé son premier SUV, le Levante.

Renault, qui règne en Europe sur le segment des petits crossovers (segment B, taille de Clio) avec le Captur, joue cette année la contre-programmation en dévoilant la quatrième génération du Scénic, star depuis 1996 des monospaces compacts en Europe.

Mais ce segment a fondu sous les coups de boutoir des crossovers, désormais le style de carrosserie le plus populaire avec 22,5% du marché européen en 2015.

"Les parts de marché qui ont été gagnées par les crossovers ont été perdues par les berlines mais aussi les monospaces", souligne François Jaumain, consultant chez PwC.

Mais Carlos Ghosn, PDG de Renault, se veut optimiste quant au Scénic. "On a apporté une voiture qui, à notre avis, va être extrêmement compétitive, qui va probablement ramener des clients sur le segment", déclare-t-il à l'AFP.

 

Nouveaux breaks

Les 4x4 urbains sont loin de s'essouffler, prévient Ferdinand Dudenhöffer, directeur du centre de recherche CAR: "les SUV et pick-ups représentent 60% du marché américain, il y a donc encore des marges de manoeuvre en Europe". La firme IHS voit de son côté les ventes de crossovers du segment B plus que doubler d'ici à 2022.

Quel intérêt de continuer à se battre avec le Scénic pour une niche en déclin?

"On voit que c'est une part de marché qui se réduit un peu, et pour y rester il faut être le meilleur pour avoir une part du gâteau qui soit significative", remarque le président du directoire de PSA Peugeot Citroën, Carlos Tavares.

Mais pour lui, "on sait très bien que toutes les croissances ont une fin et que la croissance des crossovers peut connaître quelques accidents de parcours. Le monospace est amené à se moderniser mais il n'est pas fini".

En France, on trouve deux monospaces compacts dans le "top 10" des ventes: le Scénic, sixième, et le Citroën C4 Picasso, dixième. Tous deux existent en versions cinq et sept places. Si certaines marques ont renoncé au segment, les généralistes allemands Volkswagen, Ford et Opel y croient toujours. Et BMW s'y est lancé avec succès avec la série 2 Active Tourer.

Clin d'oeil aux crossovers, le Scénic 4, à la ligne musclée, possède une garde au sol augmentée, selon Renault qui, à Genève, renouvelle également la Mégane break, segment lui aussi cannibalisé par les SUV.

Autre nouveau break: le grand V90 sur le stand de Volvo. Un retour aux sources pour le Suédois (propriété du chinois Geely) qui était le spécialiste de ces carrosseries avant de prendre le virage du SUV.

"Le segment du break n'est pas en grande croissance, mais là où il est établi, il est assez stable. Il est extrêmement populaire dans les pays nordiques, en Suède il fait un malheur. Il fallait continuer cette histoire, parce que c'est vraiment l'image de marque de Volvo", explique à l'AFP le président de Volvo Cars France, Yves Pasquier-Desvignes.

Kia croit aussi au break, et pour cause, indique à l'AFP le directeur général de la marque sud-coréenne pour la France, Marc Hedrich: "sur le segment D (grandes berlines NDLR), 70 à 80% du segment sont des breaks".

Donc, "il fallait absolument avoir un break" pour l'Optima, présentée dans cette carrosserie à Genève, d'autant plus que ce segment est très populaire auprès des flottes d'entreprises que vise Kia, selon lui.

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