Formule E: la Ville lumière roule pour l'électrique

Des bolides de course au coeur de la Ville lumière... mais non polluants: 18 monoplaces de Formule E (la F1 électrique) tourneront samedi à 200 km/h sur le parvis des Invalides pour le premier ePrix de Paris, événement spectaculaire, inédit, hautement politique et, aussi, critiqué.

Une ville connue dans le monde entier, un patrimoine historique comme décor d'exception et des images de toute beauté... Dirigée par le Français Jean Todt, la FIA (Fédération internationale de l'automobile) rêve de Paris depuis la création de la Formule E en 2014.

Cet événement sportif est aussi à haute tension... politique. Organisée en plein état d'urgence, cette course longue d'une heure est une vitrine pour la mairie de Paris dans son ambition de généraliser l'usage de la voiture électrique.

La Formule E est "un moyen de développer de façon très importante la mobilité électrique, indispensable pour nos villes", souligne auprès de l'AFP la maire de la capitale, Anne Hidalgo.

Son adjoint aux Sports, Jean-François Martins, renchérit: "Lorsque la FIA s'est approchée de nous pour lancer ce Grand Prix, ils ont demandé à l'installer en bordure de la ville. Nous avons fait le choix de le créer dans Paris pour le symbole: mettre la mobilité électrique au coeur de la ville".

"C'est un pari qu'on a fait depuis longtemps avec la voiture électrique à Paris", rappelle Mme Hidalgo.

 

'Aberrant' pour les écolos

Outre les désormais célèbres voitures électriques en libre service Autolib', "nous avons lancé cette année les premières bornes de recharges publiques, les Belib'", explique l'adjoint aux Transports, Christophe Najdovski.

Cet ePrix tombe donc à point nommé. "Le but est de sensibiliser les Parisiens. Il y aura un show d'Autolib' et des défilés avec différents moyens de transports électriques. Et culturellement, on va montrer qu'avec le moteur électrique, il peut y avoir du haut niveau et de la performance", ajoute M. Martins.

Problème: les écologistes ne sont pas d'accord. Selon David Belliard, co-président du Groupe écologiste de Paris (GEP), "cet événement ne fait absolument pas la promotion de voitures alternatives, il fait la promotion de la vitesse. On va faire concourir des bolides au coeur même de la capitale. C'est aberrant, alors même qu'on promeut chaque jour des alternatives à la voiture, comme les Vélib' et les transports en commun".

Egalement dans le collimateur des écolos, le bitume provisoire installé pour la course.

"Ce ne sera ni un massacre ni un désastre écologique", tempère M. Martins, selon qui "les infrastructures sont venues par bateau sur la Seine, ce qui a permis d'éviter d'utiliser plus de 200 camions".

Les fameux pavés des Invalides ont été recouverts d'un film plastique et de sable, pour être protégés, et des tribunes provisoires pourront accueillir 15.000 spectateurs soigneusement fouillés à leur arrivée... en transports en commun ou en vélo.

 

Prost père et fils

Côté sportif, ce sera aussi un événement à dominante française. Deux écuries, Renault-eDAMS et DS Virgin, portent les couleurs de constructeurs de l'Hexagone très impliqués dans le développement de la voiture électrique.

L'un des patrons de Renault-eDAMS s'appelle Alain Prost, quatre fois champion du monde de Formule 1, et son fils, Nicolas, pilote pour l'écurie. En lice pour DS (groupe PSA), Jean-Eric Vergne, natif de Pontoise et lui aussi ancien de la F1 (chez Toro Rosso), comme la plupart des animateurs du peloton de Formule E.

L'un des principaux intérêts de la "F1 électrique", son surnom dans le grand public ? Il s'agit de courses disputées par des pilotes équipés de monoplaces similaires. Seul le moteur - infiniment moins bruyant que celui d'une F1 - peut être développé spécifiquement, depuis cette année, après une saison inaugurale où tout le monde disposait du même matériel, châssis, moteurs et batteries.

C'est ce qui attire les constructeurs comme Renault, DS, Audi et bientôt Jaguar, mais aussi des Chinois et des Brésiliens, car ils peuvent montrer leur savoir-faire dans un domaine d'avenir pour le grand public.

Cet ePrix de Paris est le 17e rendez-vous de la Formule E depuis la grande première à Pékin en septembre 2014, après des étapes à Londres, Berlin, Buenos Aires ou Mexico.

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