Ford visé par une amende pour entrave à la concurrence en Chine

La Chine a annoncé mercredi, en pleine escalade de la guerre commerciale avec Washington, avoir infligé une amende anti-monopole de 162,8 millions de yuans (20,9 millions d'euros) à une co-entreprise du constructeur automobile américain Ford.

Les constructeurs étrangers désireux de produire des véhicules dans le pays asiatique doivent obligatoirement s'associer à un partenaire local au sein d'une société commune.

L'Administration nationale pour la régulation du marché a estimé que la co-entreprise entre Ford et le constructeur chinois Chang'an avait fixé depuis 2013 un prix minimal de vente dans la municipalité géante de Chongqing (sud-ouest), une mesure qui "contrevient à la loi antimonopole".

"Le comportement de Chang'an-Ford a privé les concessionnaires de leur pouvoir de décision en matière de prix", a-t-elle souligné dans un communiqué publié sur son site internet.

"Il a également exclu et restreint la concurrence au sein de la marque, affaibli la concurrence avec les autres marques et porté atteinte à la concurrence loyale du marché, ainsi qu'aux intérêts légitimes des consommateurs", selon le communiqué.

Le montant de l'amende correspond à 4% du montant des ventes réalisées par la co-entreprise en 2018 à Chongqing, a précisé le régulateur.

"Chang'an Ford respecte la décision prise par l'Administration nationale pour la régulation du marché", a indiqué à l'AFP un porte-parole du constructeur américain.

Selon lui, l'entreprise a pris "des mesures correctives dans la gestion régionale des ventes, en y associant les concessionnaires".

Cette amende tombe en tout cas mal pour Ford, déjà dans une situation difficile en Chine.

Le constructeur a dû licencier ces derniers mois, dans un contexte de chute de ses ventes dans le pays asiatique: -35,8% au premier trimestre sur un an, soit 136.279 véhicules écoulés.

L'annonce de mercredi survient également dans un contexte de guerre commerciale et de salves chinoises quasi-quotidiennes contre Washington.

Le conflit a repris de plus belle mi-mai, après le relèvement par le président américain Donald Trump de droits de douane sur des produits chinois représentant 200 milliards de dollars d'importations annuelles.

Il s'est encore aggravé après la décision de Washington d'interdire aux entreprises américaines de fournir des technologies à Huawei: une mesure qui pourrait menacer la survie même du géant mondial des télécoms et des smartphones, très dépendant des composants made in USA.

Pékin a publié mardi des mises en garde alarmistes à destination de ses citoyens voulant aller aux Etats-Unis. Un avertissement qui menace de faire baisser le nombre de touristes et d'étudiants se rendant sur le sol américain -- une importante rentrée de devises pour Washington.

La Chine a aussi laissé entendre qu'elle pourrait réduire ses exportations de "terres rares", des métaux vitaux pour l'industrie de pointe.

Elle a également annoncé la création d'une liste noire d'entreprises étrangères "non fiables", une mesure visant à répondre à l'offensive américaine contre Huawei.

Enfin, durant le weekend, les autorités ont annoncé une enquête visant FedEx après que le géant américain de la livraison ait présenté ses excuses pour avoir dérouté des colis de Huawei.

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