Ford réfléchit à fabriquer plus de Lincoln en Chine

Le constructeur automobile américain Ford a annoncé lundi qu'il réfléchissait à construire plus de voiture des modèles Lincoln en Chine, sur fond de guerre commerciale croissante entre son pays et les Etats-Unis

Joseph Hinrichs, vice-président pour les opérations américaines du constructeur américain, a déclaré qu'il ne voyait se profiler aucune résolution facile à ce conflit commercial.

Le président américain Donald Trump a fini par mettre à exécution sa menace: imposer 200 milliards de dollars d'importations chinoises supplémentaires avec des taxes de 10% pour punir la Chine de ne pas corriger ses pratiques commerciales jugées "déloyales". Celle-ci avait répliqué en taxant 60 milliards de produits américains.

"Nous avons longtemps été des avocats d'un libre-échange équilibré", a rappelé M. Hinrichs.

"Nous continuons à encourager à la fois l'administration américaine et le gouvernement chinois" de comprendre "que c'est dans l'intérêt de tous d'aller au-delà de leurs divergences.", a-t-il ajouté.

"Je crois que ces discussions sino-américaines vont durer un certain moment", a-t-il précisé.

L'escalade dans les sanctions commerciales a rendu difficile de prévoir l'avenir, et avec des droits de douane sur les véhicules exportés en Chine représentant maintenant 40%, il n'y a pas de logique à exporter des véhicules au départ des Etats-Unis, a estimé M. Hinrichs.

"La Chine est un marché-clé pour nous", a-t-il rappelé, en ajoutant qu'il "s'agit de deux économies très puissantes, ce qui fait que nous devons prévoir en conséquence".

Ford prévoyait de lancer de nouveaux véhicules en Chine pour mettre fin à son récent recul sur ce marché, a-t-il souligné.

Le constructeur américain a récemment annoncé qu'il renonçait à ses projets d'importer aux Etats-Unis le modèle compact Focus de ses usines chinoises en raison des droits de douane.

 

Impatience sur l'Aléna

Hinrichs a aussi évoqué l'accord de libre-échange nord-américain (Aléna) en espérant qu'une solution sur une version révisée soit trouvée cette semaine, alors que les discusions vont se poursuivre jeudi à Washington entre le Canada et les Etats-Unis sur sa refonte, à l'occasion de l'Assemblée générale des Nations Unies à New York.

"Nous avons besoin d'un accord à trois", a expliqué M. Hinrichs en espérant que celui conclu par les Américains fin août avec le Mexique faciliterait les discussions avec le Canada pour un refonte plus globale de l'Alena.

"Je suis un inquiet de voir le temps nous rattraper", a-t-il encore dit lors d'un déjeuner, en notant qu'il a passé plus de temps à Washington à travailler sur ces questions de commerce extérieur qu'il ne l'avait encore jamais fait.

Les Etats-Unis et le Mexique ont annoncé le 27 août un accord commercial après de longues semaines de négociations, espérant que le Canada pourrait se joindre à eux, mais depuis un mois les négociation entre ce dernier et Washington n'ont pas abouti, butant sur des divergences persistantes.

Le Mexique cherchera à signer un accord bilatéral avec le Canada si Ottawa et Washington ne parviennent à un compromis pour réformer l'Aléna, a averti vendredi le président-élu mexicain, Andres Manuel Lopez Obrador, qui doit prendre ses fonctions le 1er décembre.

Le libre échange est vital pour les chaîne de production de l'industrie automobile, qui est elle-même une dimension très importante de l'Alena.

M. Hinrichs a aussi déclaré que "le langage de l'accord avec le Mexique devrait fonctionner pour le Canada" dans le secteur automobile, même s'il reste des points de friction, centrés sur les produits laitiers, le bois ou la culture.

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