Ford : les rappels divisent le profit par 2

Le constructeur automobile Ford a annoncé jeudi une division par plus de deux de ses bénéfices trimestriels, principalement à cause de coûts de réparation de 2,38 millions de voitures rappelées pour un problème de serrure de porte.

Le deuxième groupe automobile américain a en outre confirmé les signaux que le marché automobile américain, en boom lors des deux dernières années, avait sans doute atteint un plafond en dépit de faibles taux d'intérêts, de bas prix de l'essence à la pompe, du crédit facile et d'une croissance économique solide.

Son bénéfice net est ressorti à 957 millions de dollars entre juillet et septembre, contre 2,19 milliards un an plus tôt. La marge opérationnelle dans l'automobile a diminué à 3,3%, contre 4,4% au troisième trimestre 2015.

Le chiffre d'affaires a pour sa part reculé de 5,8% à 35,94 milliards de dollars même s'il est supérieur aux 33,15 milliards attendus par les marchés financiers.

Ford a particulièrement souffert du rappel durant l'été de 2,38 millions de véhicules affectés par un défaut de serrure de porte ayant causé des accidents et des blessés.

La facture des réparations est de 640 millions de dollars, ce qui avait forcé la marque à l'Ovale bleu à abaisser en août son principal objectif financier pour 2016, qui a été confirmé jeudi. Le bénéfice avant impôts serait bien de 10,2 milliards de dollars, contre 10,8 milliards en juillet.

Ford a également été affecté lors des trois derniers mois par une réduction de la production de sa camionnette à plateau F-150, son best-seller, et surtout par les coûts du lancement du "Super Duty", le plus gros pickup disponible aux Etats-Unis.

Ces coûts "posent des risques importants pour le quatrième trimestre", estime Ryan Brinkman, analyste chez JPMorgan.

A Wall Street, l'action perdait 1,79% à 11,67 dollars vers 13H50 GMT.

 

Le Brexit freine l'Europe

Au-delà de ces difficultés conjoncturelles, la performance du géant de Detroit est le reflet de l'affaiblissement actuel de la demande sur le marché automobile américain malgré un appétit intact pour les camionnettes à plateau (pickups) et les 4X4 de loisirs (SUV).

"Ce qui arrive à Ford est ce qui se passe en Amérique du nord", a déclaré le directeur financier Bob Shanks. La marge opérationnelle est tombée à 5,8% en Amérique du nord, qui représente plus de 80% des profits, contre un peu plus de 12% au troisième trimestre 2015. Le bénéfice d'exploitation y a chuté de 55% à 1,3 milliard de dollars.

Ford est aussi confrontée à la détérioration de la conjoncture en Amérique du sud, en proie à une forte inflation, la dépréciation du peso argentin et une réduction des stocks au Brésil. Le groupe automobile y a creusé ses pertes à 295 millions de dollars, contre 132 millions au troisième trimestre 2015.

Au chapitre des bonnes nouvelles: le redressement s'est poursuivi en Europe, malgré le Brexit, qui a freiné les ventes au Royaume-Uni.

Ford a dégagé sur le Vieux continent un bénéfice opérationnel de 138 millions de dollars, en hausse de 7% sur un an, grâce aux ventes des modèles Ford Fiesta et Ford Fusion. C'est le "meilleur" bénéfice trimestriel depuis 2007 et le sixième trimestre consécutif de profits en Europe pour le deuxième constructeur automobile américain.

Pour contenir l'impact négatif du Brexit, Ford a augmenté en septembre de 2,5% les prix de ses voitures, réduit les stocks auprès de ses concessionnaires et diminué ses investissements, notamment sur le site gallois de Bridgend (1.850 salariés), qui fabrique des moteurs. L'enveloppe y est passée de 181 millions de livres (221 millions de dollars) à 100 millions (122 millions de dollars).

Le Brexit devrait amputer les résultats financiers de 140 millions de dollars au second semestre et de 600 millions supplémentaires en 2017. La facture devrait être de 400 millions au second semestre pour le rival et compatriote General Motors, qui envisage des mesures d'économies drastiques.

En Asie-Pacifique, qui comprend la Chine, le premier marché automobile mondial, Ford a dégagé son plus gros bénéfice opérationnel à 131 millions de dollars, contre 22 millions au troisième trimestre 2015.

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