Ford dégage ses premiers bénéfices en Europe depuis 2011

Ford a dégagé ses premiers bénéfices en Europe depuis 2011 sur fond d'euphorie du marché automobile dans les pays développés où la demande pour les voitures aux fortes marges est en forte croissance.

Le groupe américain a gagné 259 millions de dollars avant impôts sur le Vieux Continent en 2015, dont 131 millions sur le quatrième trimestre. En 2014, Ford avait perdu 1,06 milliard de dollars en Europe et ne prévoyait pas d'y être rentable avant 2016.

Ce retour aux bénéfices coïncide avec la résurgence du marché automobile européen où se sont écoulées 13,7 millions de voitures en 2015 (+9,3%), grâce aux consommateurs espagnols, italiens, français, britanniques et allemands.

L'an dernier Ford a vendu 1,3 million de voitures sur ses 20 principaux marchés européens, en hausse de 11% comparé à 2014. Ce sont ses meilleures ventes européennes depuis 2011. Il a notamment enregistré un record pour les ventes de voitures aux entreprises.

La citadine Ford Fiesta, le "petit" SUV Kuga, le pickup Ranger et le fourgon commercial Transit ont été les modèles les plus prisés par les Européens.

Ford y a aussi récolté les fruits de ses réductions de coûts: le groupe a nettement réduit ses capacités de production en Europe, fermé trois sites dont l'usine historique de Genk en Belgique, qui employait 4.300 personnes. Il a aussi fermé l'usine d'assemblage des utilitaires de Southampton en Angleterre.

Fort de l'introduction du SUV Edge et de la nouvelle Ford Focus RS, le constructeur américain prévoit de gagner encore plus d'argent sur le Vieux Continent en 2016.

"Nous avions promis que nous ferions une percée en 2015, c'est le cas", s'est réjoui le directeur général Mark Fields.

 

Le Brésil en panne

Dans l'ensemble, le groupe de Dearborn (Michigan, nord) a dégagé de gros bénéfices en 2015, surfant sur un boom de l'industrie automobile américaine. L'an dernier, 17,47 millions de véhicules ont été vendus aux Etats-Unis, un record depuis 2000.

Ford, comme ses rivaux GM et Fiat Chrysler, profite de l'explosion des ventes des 4X4 de ville et de camionnettes à plateau (pickups) en Amérique du nord sur fond de bas prix de l'essence à la pompe. Les taux d'intérêt bas et l'abondance de liquidités facilitent également l'octroi des crédits. Ces véhicules aux marges confortables ont contribué à plus que doubler le résultat net, à 7,37 milliards de dollars, contre 3,2 milliards en 2014.

Au quatrième trimestre, période reflétant davantage la santé de l'activité récente, le bénéfice net est de 1,87 milliard de dollars, contre 52 millions à la même période un an plus tôt.

La montée en puissance de la nouvelle version du pickup F-150, son best-seller, a permis à Ford de dominer ses rivaux sur ce segment dans la seconde moitié de l'année.

Si très peu de nuages planent sur le marché nord-américain dont le bénéfice opérationnel 2016 devrait être "équivalent" aux 9,35 milliards de dollars enregistrés en 2015, le tableau est moins reluisant en Asie et en Amérique latine, régions en plein ralentissement économique.

En Amérique du sud, les pertes devraient se creuser en 2016, après -832 millions de dollars l'an dernier. La faute au Brésil, son plus gros marché dans la région, dont les difficultés économiques affectent un grand nombre de multinationales, explique Ford.

En Asie-Pacifique, le groupe est modérément optimiste à accuse du coup d'arrêt de la croissance chinoise, premier marché automobile mondial. Le groupe américain y vise un bénéfice 2016 équivalent ou "supérieur" aux 765 millions de dollars engrangés en 2015.

A Wall Street, le titre Ford prenait 1,27% à 12 dollars dans les échanges électroniques de pré-séance. Il a perdu plus de 16% depuis janvier, bien davantage que les indices boursiers américains, sur des craintes de stagnation des ventes automobile sur le sol américain cette année.

"En 2016, nous allons nous appuyer sur nos points forts et accélérer tout en continuant à transformer Ford en un groupe automobile et en entreprise axée sur la mobilité", a tenu à rassurer jeudi Mark Fields.

Ford multiplie actuellement les initiatives pour être en première ligne sur les modes de transport du futur, comme les voitures autonomes et connectées, les services de voiture partagée et de voiture avec chauffeur.

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