Ford : CA à +4%, bénéfice à -35%

Le constructeur automobile Ford, en pleine offensive dans la voiture autonome, a annoncé jeudi un plongeon de ses bénéfices au premier trimestre, en raison d'une hausse des coûts et des investissements.

Le bénéfice net a chuté de 35,3% sur un an, à 1,59 milliard de dollars, pour un chiffre d'affaires de 39,15 milliards de dollars, en hausse de 3,8% sur un an, grâce aux ventes de pickups et 4X4 de loisirs (SUV) dont les marges sont importantes. Le premier trimestre 2016 avait été le plus rentable des 114 ans d'histoire de la marque à l'Ovale bleu, avec un bénéfice net de 2,5 milliards de dollars du fait d'une forte demande pour la camionnette à plateau (pickup) F-150.

"La baisse des profits sur un an est due à des coûts élevés, de faibles volumes de ventes et des taux de changes défavorables", explique Ford.

Les coûts ont en effet augmenté de 7% sur un an, à 37,70 milliards de dollars, principalement à cause d'une hausse des prix des matières premières, des contrats de garantie de qualité et des investissements. La marge a en conséquence chuté de 4,4% à 5,4%.

Ford a par exemple inscrit dans ses comptes une charge de 467 millions de dollars au titre de garanties de qualité, dont 295 millions destinés à la réparation de voitures rappelées en Amérique du nord pour des risques d'incendie notamment.

Le constructeur automobile américain a toutefois réaffirmé ses prévisions de bénéfice pour 2017, en dépit du ralentissement des marchés automobile américain et chinois, et s'attend donc toujours à dégager un bénéfice avant impôts aux alentours de 9 milliards de dollars. Il compte pour ce faire sur un plan d'économies de près de 3 milliards de dollars.

"Le premier trimestre était un investissement dans le futur de Ford", avance le PDG Mark Fields, alors que le titre perdait 1,55% à 11,42 dollars vers 14H50 GMT à Wall Street.

 

Impayés

Ford est confronté au plafonnement du marché automobile américain après des années de ventes record, ce qui incite à de grosses promotions pour écouler les stocks. A ceci s'ajoutent un plongeon du marché des voitures d'occasion et une hausse des défauts de paiement sur les crédits auto, qui affectent particulièrement Ford Credit, le bras financier du groupe automobile.

Dans le même temps, la société investit tous azimuts dans les véhicules autonomes, via le rachat de startups spécialisées dans l'intelligence artificielle (Argo AI), et dans l'électrique au moment où de plus en plus de grandes villes (Paris, Madrid, Athènes, Mexico City...) veulent interdire les véhicules pollueurs.

Cette offensive ne semble pas convaincre la communauté financière, qui préfère miser sur Tesla. Le spécialiste des véhicules électriques et connectés est désormais le deuxième groupe automobile américain par capitalisation boursière devant Ford et juste derrière General Motors.

"Les constructeurs automobiles et les équipementiers traditionnels font face à des défis importants vu que l'automatisation et l'électrification des véhicules requièrent une expertise et des muscles financiers qui leur font défaut", observe le fonds d'investissement BlackRock dans une étude.

En attendant, Ford a accusé un recul de ses bénéfices trimestriels sur tous ses marchés.

En Europe, la marque à l'Ovale bleu a dégagé un bénéfice opérationnel lors du trimestre sous revue de 176 millions de dollars, en baisse de 59,4%. Les opérations européennes devraient enchaîner sur une deuxième année consécutive de profits, même si le niveau des bénéfices sera "inférieur" comparé à 2016, à cause de la dépréciation de la livre britannique et des coûts associés au lancement des Ford Fiesta et EcoSport.

Aux Etats-Unis, le bénéfice opérationnel a chuté de 35% à 2 milliards de dollars pour une marge opérationnelle de 8,3%, contre 12,9% en 2016.

La fin des subventions publiques à l'achat de citadines et l'essoufflement des ventes en Chine ont fait chuter de 43,6% à 124 millions de dollars les profits en Asie-Pacifique, alors que la perte a augmenté de 5,2% en Amérique latine à 244 millions.

lo/jld/az

© 2017AFP