Ford Blanquefort: salariés et gouvernements favorables à la reprise par Punch

Bruno Le Maire a appelé mardi soir le constructeur américain Ford à accepter le projet de reprise de son usine de Blanquefort (Gironde) menacée de fermeture, par la société franco-belge Punch Powerglide, qui ne maintiendra que 400 emplois sur les 850 que compte le site.

"Construite sur un plan d'affaires ambitieux", a affirmé le ministre de l'Économie dans un communiqué, cette offre de reprise "doit permettre à Punch de devenir un leader de la production de boîtes de vitesse automatiques, sur un marché européen en croissance".

Le repreneur s'est engagé "à ne pas demander d'efforts supplémentaires aux salariés" pendant trois ans, à ne procéder à aucun licenciement pour motif économique et à ne prélever aucun dividende durant cinq ans.

Ce protocole prévoit aussi trois ans de gel des salaires, de modulation du temps de travail et l'abandon de trois jours de RTT, ultime point d'achoppement.

L'État, la région Nouvelle-Aquitaine et la métropole de Bordeaux apporteront un "soutien financier de 15 millions d'euros" à ce projet industriel, a indiqué Bercy, et M. Le Maire "appellera M. James Hackett, PDG de Ford, afin de lui faire directement part de la position de l'État".

Mardi les salariés de Ford Blanquefort ont donné leur feu vert à cette offre de reprise, a-t-on appris de sources syndicales.

Plusieurs centaines de salariés réunis en assemblée générale ont largement approuvé le protocole d'accord que le potentiel repreneur belge présentera à l'américain Ford, ont précisé des responsables syndicaux de FO et de la CGT, à l'AFP. "C'était un vote massif", à une "très grande majorité", ont-ils souligné.

La décision finale "ne tient plus qu'à Ford", a résumé Vincent Alauze, délégué CGT, tout comme Jean-Marc Chavant, élu FO au comité d'entreprise, soulignant qu'"au bout du bout, c'est Ford qui détient la clef".

Toutefois, le constructeur américain préfèrerait fermer l'usine, selon la CGT. Sollicité par l'AFP, Ford n'a pas souhaité faire de commentaires mais a réitéré ses doutes, exprimés à plusieurs reprises, quant à la viabilité du plan de reprise de Punch.

Fin février, Ford avait annoncé cesser tout investissement dans son usine girondine de fabrication de boîtes de vitesse, implantée dans la banlieue bordelaise depuis 1972.

"On ne pourra pas dire que la reprise a capoté à cause des organisations syndicales", ont insisté FO et la CGT, "On est content d'avoir sauvé le truc, même si on y perd des plumes", a pointé M. Alauze.

Le nombre d'emplois conservés à Blanquefort irait de 300 à 400, "en fonction du nombre de collègues qui veulent partir. Mais dans l'idéal, Punch en voudrait 400, donc s'il y a davantage de partants, il y aura des embauches", a ajouté le syndicaliste.

"On respire un peu, juste un petit peu", a affirmé M. Alauze. Mais un "début de victoire serait que Ford accepte de discuter d'une reprise".

L'intersyndicale de l'usine avait rencontré lundi à Paris le repreneur potentiel du site et des représentants de l'État, une réunion de la "dernière chance", selon la CGT.

La société belge Punch Motive International (PMI), détenue par Guido Dumarey, a racheté début 2013 l'ex-site de General Motors Strasbourg, devenu Punch Powerglide.

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