Ford: bénéfice en baisse mais record en Europe!

Ford a annoncé jeudi un plongeon de ses bénéfices 2016 et une perte au quatrième trimestre, en raison de lourdes charges dont une liée à l'annulation de la construction d'une usine au Mexique pour répondre aux demandes de Donald Trump.

Le deuxième constructeur automobile américain a réitéré que ses profits allaient décliner en 2017, en raison des investissements prévus pour sa transformation en société spécialisée dans les services de la mobilité et pour financer son offensive dans le segment des voitures électriques.

En 2016, le bénéfice net s'est élevé à 4,6 milliards de dollars, en baisse de 37,7% sur un an, principalement du fait d'une perte nette de 800 millions de dollars lors des trois derniers mois.

Cette déconvenue était quelque peu attendue puisque la marque à l'ovale bleu avait indiqué la semaine dernière avoir changé le mode de calcul des cotisations retraite de ses employés, ce qui s'est traduit par une charge de 3 milliards de dollars dont environ 1,9 milliard de dollars liée aux pensions des salariés internationaux et 900 millions pour les employés américains.

A la surprise générale, Ford a également dû inscrire dans ses comptes une charge supplémentaire de 200 millions de dollars liée à l'annulation début janvier de la construction d'une usine de 1,6 milliard de dollars à San Luis Potosi, au Mexique.

Le groupe automobile a une nouvelle fois répété jeudi que cette décision était indépendante des critiques à son encontre du nouveau président américain Donald Trump, qui demande aux entreprises de développer leurs activités sur le sol américain et y créer des emplois.

Le PDG Mark Fields a indiqué que Ford attend désormais de voir les politiques engagées par la nouvelle administration avant de prendre de nouvelles décisions stratégiques.

"Il nous faut voir quelles seront les mesures qui vont être mises en place et comment elles sont déployées", a déclaré le dirigeant sur la chaîne d'informations financières CNBC.

 

Bénéfice record en Europe

Donald Trump, qui a menacé d'imposer des taxes de 35% sur les importations mexicaines, a confirmé sa promesse de campagne de renégocier l'accord de libre-échange nord américain Aléna associant les Etats-Unis, le Canada et le Mexique.

Hormis ces éléments conjoncturels, Ford a dégagé un bénéfice opérationnel annuel de 10,4 milliards de dollars, soit 200 millions de plus que son objectif initial (10,2 milliards). Ce résultat d'exploitation s'élève à 2,1 milliards de dollars au quatrième trimestre.

Le chiffre d'affaires annuel n'a augmenté que de 1,5% à 151,80 milliards de dollars, alors que les revenus trimestriels ont diminué de 4% à 38,7 milliards de dollars, en raison d'une stagnation de ses ventes de voitures (6,7 millions d'unités écoulées).

En Amérique du nord, locomotive des profits grâce aux ventes des pickups F-150 et "Super Duty" et des SUV (4X4 de ville), les bénéfices avant impôts ont reculé de 344 millions de dollars par rapport à 2015, à 9 milliards de dollars.

Ford peut en revanche se réjouir de l'amélioration de la rentabilité en Europe, où il a dégagé un bénéfice annuel record avant impôts de 1,2 milliard de dollars, en dépit du Brexit.

"C'est un résultat historique", s'est réjoui Mark Fields, confirmant en outre que le groupe allait rester rentable sur le Vieux Continent en 2017 en dépit de la dépréciation de la livre sterling et de coûts associés au lancement de nouveaux modèles dont la nouvelle génération de la Ford Fiesta.

La marge opérationnelle s'est élevée à 4,2% (+0,9% sur un an), un record, assure Ford, dont les ventes de véhicules en Europe sont portées par les 4X4 de ville.

Pour contenir l'impact négatif du Brexit, Ford a augmenté en septembre de 2,5% les prix de ses voitures, réduit les stocks auprès de ses concessionnaires et diminué ses investissements, notamment sur le site gallois de Bridgend (1.850 salariés), qui fabrique des moteurs.

Ford reste également rentable en Asie-Pacifique, où il a dégagé un bénéfice avant impôts de 627 millions de dollars l'an dernier, mais continue de perdre de l'argent en Amérique du sud (-1,1 milliard de dollars en 2016) et au Moyen-orient/Afrique (-302 millions).

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