Ford : 5.000 emplois supprimés en Allemagne

Le constructeur automobile américain Ford a annoncé vendredi supprimer 5.000 emplois sous forme de départs volontaires en Allemagne, dans le cadre d'un vaste plan de restructuration censé l'aider à reprendre pied en Europe.

"Cette annonce s'inscrit dans le cadre de la restructuration de Ford qui vise à rétablir le plus rapidement possible une activité rentable en Europe", a indiqué à l'AFP une porte-parole de Ford en Allemagne.

Elle intervient deux jours après l'annonce de Volkswagen de supprimer jusqu'à 7.000 emplois, également sous forme de non remplacements de départs à la retraite, afin de financer sa transition vers la voiture électrique.

Si Volkswagen a fait état mardi d'un bénéfice annuel en nette hausse, Ford s'est pris lui de plein fouet le ralentissement du marché chinois, les incertitudes liées au Brexit ainsi que la désaffection pour les moteurs Diesel. Au 4e trimestre, la marque à l'ovale bleu a ainsi accusé une perte nette de 112 millions de dollars, achevant une année 2018 "particulièrement difficile".

Le constructeur américain n'a pas évoqué la fermeture de sites particuliers en Allemagne, ni d'autres suppressions d'emplois dans des pays également concernés par cette cure d'austérité.

Ford a indiqué à l'AFP avoir présenté vendredi à l'ensemble de ses employés un programme de "départs à la retraite anticipée ou de départs volontaires" avec indemnité de licenciement.

Ford emploie plus de 24.000 personnes en Allemagne - un peu moins de 18.000 à Cologne, 6.000 à Sarrelouis et environ 200 à Aix-la-Chapelle, sur un total de 53.000 en Europe.

La restructuration en cours vise à économiser 25,5 milliards de dollars au total d'ici 2022, ce qui va passer par l'arrêt de la production des voitures compactes (berlines et citadines) en Amérique du Nord, des fermetures d'usines et des milliers de suppressions d'emplois en Europe.

En Allemagne, le plan social annoncé en janvier fait depuis l'objet de discussions avec les syndicats, dont le puissant IG Metall, qui assure qu'aucun licenciement sec n'est en jeu.

 

Blanquefort

"Avec 5.000 suppressions d'emploi, la prochaine annonce devrait être celle de la fermeture de sites", estime néanmoins Ferdinand Dudenhöffer, directeur du Center Automotive Research (CAR) basé en Allemagne.

L'usine allemande de Sarrelouis, près de la frontière française, est la plus menacée. Ford a déjà indiqué envisager d'arrêter la production de ses monospaces C-Max et Grand C-Max produits sur ce site frontalier. Il s'agirait d'y supprimer environ 1.600 postes sur 6.200.

Ailleurs, plusieurs sites sont déjà sur la liste noire de Ford. En France, c'est le cas de l'usine de Blanquefort, implantée depuis 1972 et qui emploie 800 salariés. Son sort a donné lieu à un bras de fer entre le gouvernement et le constructeur auto, dont le plan social a finalement été validé début mars.

Mais la fermeture de ce site devrait avoir des conséquences plus larges pour l'emploi girondin, en raison, selon les syndicats, d'environ 2.000 emplois induits.

Au Brésil, le groupe a renoncé en février à sa plus ancienne usine dans le pays, qui emploie près de 3.000 personnes.

Ford examine aussi "plusieurs options de restructuration de sa coentreprise Ford Sollers en Russie" et "une décision est attendue au deuxième trimestre".

 

Prochain site ?

Mais c'est dans l'Union européenne que l'Américain concentre le plus de difficultés. Sa part de marché est tombée d'environ 11% en 2006 à 6,4% en 2018.

Sa rentabilité opérationnelle dans la région a atteint 3,9% au premier semestre de 2018, soit l'une des plus faibles de l'industrie, selon le centre de recherche CAR.

Dans ce contexte, l'annonce de ce plan social en Allemagne "ne résoudra pas les problèmes de Ford, le Brexit va lui faire beaucoup de mal", estime Ferdinand Dudenhöffer.

Fin janvier, le constructeur, qui emploie 13.000 personnes au Royaume-Uni, avait chiffré à 800 millions de dollars l'impact sur ses comptes, en 2019, d'une sortie de l'UE sans accord.

Hors Allemagne, c'est d'ailleurs le site de Dagenham au Royaume-Uni qui est désormais particulièrement menacé. Il fabrique des moteurs diesel, technologie désormais décriée pour ses rejets polluants et dont les ventes sont en chute constante.

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