Ford : 2017 contrasté, 2018 pessimiste

Le constructeur automobile Ford s'est montré mercredi pessimiste pour 2018, après avoir publié des résultats contrastés pour l'année écoulée en raison d'une hausse des prix des matières premières et des fluctuations de taux de change.

Pour l'année en cours, le deuxième groupe automobile américain table sur un bénéfice par action ajusté, référence en Amérique du nord, compris entre 1,45 et 1,70 dollar, soit un milieu de la fourchette nettement en dessous du 1,62 dollar attendu en moyenne par les marchés financiers.

A Wall Street, le titre en pâtissait et perdait 0,91% à 11,98 dollars vers 22H50 GMT dans les échanges électroniques suivant la clôture de la séance.

La marque à l'ovale bleu avait déjà prévenu les marchés financiers la semaine dernière que 2018 risquait d'être une année difficile, en raison du coût croissant des matières premières et des fluctuations négatives des taux de changes.

Ford, présent dans tous les continents, dépense environ 10 milliards de dollars par an pour l'achat de matières premières, l'aluminium et l'acier représentant les deux-tiers de ces dépenses.

Ces éléments ont amputé les bénéfices de 1,6 milliard de dollars en 2017, faisant plonger la marge opérationnelle dans l'automobile à 5%, à bonne distance de l'objectif de 8% que s'était fixé le groupe de Dearborn (Michigan, nord).

Le bénéfice net annuel est certes ressorti à 7,6 milliards de dollars, en hausse de 65,4%, mais sur le plan opérationnel il a diminué de 18%, pâtissant également de fortes promotions et rabais accordés par le groupe automobile pour rivaliser avec General Motors et Fiat Chrysler dans le segment ultra-concurrentiel des camionnettes à plateau (pickups), SUV et crossovers.

Sur le quatrième trimestre, le groupe a renoué avec les bénéfices, en dégageant un profit net de 2,41 milliards de dollars, principalement grâce à des mécanismes comptables liés à un recalcul des coûts des retraites de ses employés.

Rapporté par action et ajusté des éléments exceptionnels, le bénéfice est de 39 cents contre 42 cents attendus en moyenne par les marchés. Les trois derniers mois de 2016 avaient été marqués par une perte nette de 800 millions de dollars.

 

Transition

Les incitations accordées aux acheteurs de véhicules Ford détériorent la rentabilité, estime le cabinet spécialisé Edmunds.com, évaluant en moyenne à 4.445 dollars par véhicule, soit quelque 1.000 dollars de plus que la moyenne des remises accordées par les concessionnaires américains.

L'Amérique du nord reste la vache à lait avec un bénéfice opérationnel annuel de 7,5 milliards de dollars.

Portée par les ventes des utilitaires et une hausse des prix, l'Europe a renoué avec les bénéfices, dégageant un bénéfice opérationnel de 234 millions de dollars, contre une perte de 971 millions en 2016.

Si l'Asie est rentable (+561 millions de dollars), Ford est déficitaire en Amérique du sud (-784 millions) et dans la région Afrique/Moyen-orient (-263 millions).

Le chiffre d'affaires annuel a progressé de 3,3% à 156,8 milliards de dollars, en dépit d'une stagnation des ventes de véhicules à 6,6 millions d'unités.

Les difficultés de Ford contrastent avec l'optimiste affiché par GM, qui s'attend à ses plus gros bénéfices en 2017, et traduisent la tâche herculéenne de Jim Hackett, le nouveau PDG, pour relancer le groupe perçu par les experts comme à la traîne sur les technologies autonomes et électriques.

Ford est actuellement en pleine transition pour passer de simple constructeur de véhicules à un groupe fournissant également une palette de services de transports.

La marque de Dearborn (Michigan) a essayé récemment d'accentuer cette transformation en portant à 11 milliards de dollars ses investissements dans les véhicules électriques et en investissant 1 milliard dans la startup technologique Argo AI et en s'engageant dans Autonomic, une autre jeune pousse de la Silicon Valley développant des logiciels pour les services de mobilité.

A court terme, le constructeur s'en remet aux vieilles recettes pour préserver sa rentabilité: les économies.

Il va diminuer ses coûts de production et de logistique ainsi que ses stocks, tout en réduisant les variantes de "petites" voitures (Escape, Fusion et EcoSport) proposées actuellement en Amérique du nord et en Europe.

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